Les dits du corbeau noir

TON PAYS POEME DE BRAN DU 2017 16 12 DECEMBRE

Bran du                  07 12 2018                « Malaterra »

 

Ton Pays...

 

 

Qu'est-ce qui pourrait me faire aimer ce pays où des bergers conduisent des étoiles au-delà des mémoires enfouies, si ce n'est toi ; toi et la maison rouge de ton corps, les grèves grises de ton cœur, les landes sèches et parfumées de tes pensées, tes volets entrouverts sur les visages du monde, sur les brumes de l'homme, sur l'ensauvagé de l'instant ; toi et le puits bleu et profond de tes songes ?...

 

De ton pays, je ne sais rien, même pas le nom des vents qui le survolent de leurs ailes changeantes, mais souvent teintées d'azur quand l'encrier des souvenirs amers ne s'y renverse pas...

 

Des vents, des vents ; des tas de vents chargés, plombés, de noires et obstinées colères dont l'arbre même des ancêtres ne sait plus les racines...

 

(Par toi, par l'estuaire de tes bras, par ta bouche d'océan, je connais maintenant ces hommes qui, par quatre, portent, de la terre au ciel, le cercueil en buis du silence.)...

 

...///...

 

J'ignore tout de ton pays...

Cependant, j'apprends (avec délectation et pétulance) à le connaître quand tu fais glisser l’ébène de ta robe sur le coquillage nacré de ta peau...

Lors, il me chuchote à l'oreille des arpèges qui fleurent le thym et le fenouil et dans le doux froissement des feuilles de ton être j'entends, très nettement, l'appel d'une perdrix...

 

Ainsi j'ai parcouru ton île, j'en ai épousé les pourtours et affouillé les criques...

 

Ensemble, nous avons marché sur ses blanches pierres et brûlés les étapes dans le feu du chemin, faisant de nos mains un carrefour de lumières qui brillaient encore quand le jour s'est éteint...

 

J'ai su, par toi j'ai su, que par-delà l'ajonc et l'épine, se tenait le velours et s’entrouvrait l'écrin...

 

J'ai encore en moi la rumeur de nos vagues

et celle de l'algue chevelue caressée en nos heureux matins...

 

Le cri des mouettes et celui, plus rauque, des goélands ;

tout le criant du port, ses mouvements, ses transports, résonnent encore dans ma tête, mais, pour raffinement, s'ajoute celui, qui toujours m'entête, des bruissements d'insectes, quand je butinais le soleil rosé de tes seins...

 

J'entends, descendant de tes épaules dénudées, le tintinnabulement des troupeaux et le sifflet d'aulne des pâtres, tout cela qui s'achemine vers le midi des plateaux et le ru annonciateur de la vallée...

 

(Un grillon chantait au seuil du soleil de tes cuisses. Il chante encore au coin de la pierre chaude de mes rêves, dans l'âtre doucereux du souvenir.)...

 

Je sais maintenant de ton corps les alpages, les crevasses les cavités et, plus encore, cette source cachée où naissent des agneaux auquel un poème, un cri ou un chant donnent douceur et pelage....

 

L'ocre, le blanc, le jaune, le rose, le gris de tes façades léchées par le solstice d'été, badigeonnées de signes d'insurgés, de poètes rebelles, j'en ai eu la vision colorée, j'en ai partagé les frissons et les tremblements, en parcourant nos ruelles insensées et les dédales entremêlés de notre fauve passion...

 

 

Tu sera là, à jamais, entre montagne et océan, comme ton île « découverte » au levant de l'Amour...

 

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« - Comment pouvons-nous savoir, quand avons-nous avantage à connaître, que le poème a atteint sa complétude, sa plénitude, sa « finitude » ?

  • Quand ses ailes se noient dans le sang d'un couchant !... »

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16/12/2017
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