Les dits du corbeau noir

SOLSTICE D'HIVER 2012, Partie III, Préparation

MODRA NECHT   (Témoignage)     Samedi 18 12 2000  Forêt de Coye (Oise)  Bran du

Dans le Cercle Blanc d’une Vesprée Polaire…
                        Dédié aux clairières franciliennes

Nous étions seize frères et sœurs réunis auprès de l’arbre centenaire…
Seize compagnons et compagnes s’épaulant sur le chemin de l’Evolution et des Celtes métamorphoses…

Quatre heure durant, le ciel déversa sur nous ses généreux flocons recouvrant de sa blancheur notre sylvestre clairière…

Grande ronde des mains et des cœurs ceinturant l’instant et le lieu d’une commune ferveur…

Après les fumigations et les lustrations précédées d’un chant porté à l’unisson en une respiration douce et paisible, nous étions en accord, en mesure et en harmonie, pour( franchir le seuil du Cercle qui nous ouvrait le Royaume infini des noces du corps, des sens, de la pensée, de l’Âme et de l’Esprit…

Un épais et royal manteau se posait à nos épaules nous adoubant de son blason d’hermines…

Nous étions assemblés à la verticale d’un patriarche vénérable et semblablement dressé entre la terre et le ciel… Comme lui, nous étions dévêtus, dépouillés su superflu, rendus à une nudité première tout en étant, o combien, recouverts d’une farine de l’air dans laquelle dansaient des perles de blancheur…

Le jour avait lentement glissé dans la vallée de la nuit qui très étrangement nous gratifiait d’une surprenante et énigmatique lumière…

Alors que se devait de régner en cet « espace/temps », la plus profonde et la plus conquérante des obscurités, nous fûmes, tout au long du déroulé sacré, habillés de clarté…

Un nouveau frère et une nouvelle sœur frappèrent à la porte de leur attente, de leur apparition…
Le portier, gardien du seuil, leur posa les traditionnelles questions auxquelles ils répondirent avec émotion et sincérité… Deux êtres, lors, prenaient naissance dans la reconnaissance de leur nom d’initié… Désormais, différente, plus éclairée, stimulée, animée, accompagnée et guidée, serait leur présence en ce monde…

Le Père-Feu embrassa le cœur de la clairière nous prodiguant une aimable et réconfortante chaleur…

La mèche consumée de l’ancienne année prodiguait sa flamme dernière à la cire neuve de l’année nouvelle… Ce qui était éteint se trouva rallumé, notre flamme intérieure de même…

Alors que, dans la ouate ensilencée d’une neige profuse résonnaient les notes majeures et mineures d’un dulcimer, Dame Ceridwen et ses servantes portaient le drap immaculé sous les branches de l’Arbre-Père couronné de gui.

Pour chaque rameau pieusement et joyeusement recueillit, Pour chaque ramure chutant dans la paume de lin, s’élevait la Celte clameur rappellant à tous et à chacun que dedans la Terre, dans le sein de la Mère, au cœur même de la mort apparente, germait la moisson du futur… Pour la moisson de demain, pourrissait le grain !…
« Eigit an eit ! »
Le rameau d’or est coupé ;
La blanc fruit à poussé sur la branche noircie de l’hiver…

« Eigit a, eit ! »
Un nouveau soleil s’est levé
Qui enveloppe la terre…

« Eigit an eit ! »
En nos cœurs nouveaux-nés
S’éveille l’Enfant-Lumière…

Nous étions, comme chaque arbre de cette prodigieuse forêt, enracinés dans l’humus et le terreau des Origines, partageant l’essentialité de notre état d’être,  de nos gestes et de nos pensées…


Comment dire, comment exprimer, comment trouver les justes mots, l’adéquate parole ?
Comment restituer la beauté de ces heures tournoyantes, la joie libre, entière, fervente et rayonnante, qui tourbillonnait et virait, serpentait en une fluide et dense carole ?…


Tous et toutes de danser autour de l’ardent, du vif, du rouge foyer ;
Tous et toutes formant la ronde pour une vie meilleure et pour un nouveau monde…

Le rite accomplit, resplendissait la vie…

Au-delà du temps subsiste l’antique chaîne
Reliant tous les êtres de songe et de sang…

Au plus fort des épreuves, au plus vif des tourments
Un vieux chêne se tient qui protège ses enfants !…

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MODRA NECH - ALBAN ARTHAN  -  GINEVELEZH (La GRANDE RENAISSANCE)…

Quelle est l’orientation de la fête ?
Elle est celle du lever du soleil au solstice d’hiver à Newgrange : l’orientation céleste ; c’est l’Est !…

Nous avons, dans l’obscurité profonde de notre être une chambre dolménique, une chambre noire propice aux révélations, un espace matriciel où résident toutes nos attentes, où sommeillent notre roi, notre reine, notre sage conseiller et une potentialité souveraine…

Cette salle est recouverte et entourée de dalles de pierre… Un étroit passage y a été pratiqué jadis ; une entrée secrète qui se trouve actuellement obstruée…

Etroit, est-ce passage dissimulé…. Trois est le nombre sacré qui livrera pas sage car la pensée tertiaire en est la clef !…

Cette « salle » enclose en notre intériorité est un Temple, un Sanctuaire, un Németon… une aire de mystères qui est à la fois une matrice et un chaudron contenant tout le nécessaire pour réaliser « L’Art Royal » , l’aboutissement heureux d’une humaine gestation…

(Un processus, une suite d’opérations, qui sont de nature à nous mener vers nos plus fondamentales transformations sous la conduite de notre conscience, de nos connaissances, de notre amour, de nos capacités inventives et créatives et ce,  avec le soutien efficient d’entités bienveillantes et bienfaisantes…)

On appelle cela en alchimie un athanor qui pour pouvoir opérer avec efficacité se doit de disposer de nos corps nus !…

Des signes mystérieux sont gravés sur les parois pourpres et humides qui cerclent le berceau de notre enfantement futur… Ce sont des lignes, courbes pour la plupart, des enlacements sans commencement ni fin, des vagues infinies qui enveloppent de leur flux et reflux l’océanique matrice d’où la vie, sous diverses formes, rejaillira…

(C‘est un périple, un voyage en « l‘au-delà » … Cet « eau de là » est à la fois un lieu de resurgissement et celui de la traversée vers les îles de félicité promises à notre terrestre existence en fin de cycle et de « navigation ».)…

Enigmatique est la danse des spirales, cette chorégraphie d’entrelacs qui semble nous prendre dans ses bras pour nous inviter à nous conjoindre à la Danse…

C’est cependant toute la Connaissance qui circule là !
(Une Connaissance qui va de l’ADN à l’ordonnance et aux déplacements des planètes, du microcosme comme du macrocosme, qui brasse le visible comme l’invisible, qui visite toute chose en attente et en appel de « métamorphose »… C’est une « double-hélice » qui nous propulse vers le divin et la sacré… Et Cela presse la pulpe des nuits pour en faire rajaillir le noyau de leur lumière ! )

Laissons libre, en notre corps, l’étroit passage ;
Celui de la naissance, de la vie et de la mort…
Ne faisons plus obsctacle à Cela qui voyage
De forme en forme, d’âge en âge,
Du plus vil et grossier, au plus subtil et à l’or !…
Laissons les Trois Rais lumineux et sonores
Nos pénétrer et nos féconder en la « Salle aux Trésors »…

En nous sommeille l’Enfant-Soleil ;
L’Enfant divin sur lequel veillent
Le preux Arthur et le sage Merlin
Alors qu’une déesse s’apprête à lui donner le sein…

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Nous sommes une terre devenue « gaste » ; c’est-à-dire stérile, déséchée, dévitalisée, aride, craquelée et désertée… Nous aspirons grandement à connaître de nouveau la fécondation, la germination, l’éclosion, la floraison, la fructification…

La source de vie nous semble tarie…
Le sèves vitales se sont retirées…
La grande nuit règne et domine…
Epais est le voile noir qui recouvre le vivant…

Mais, la neige, parfois, au soir reprend sa conquête, réaffirmant en ses soyeux recouvrements, la promesse d’un Monde Blanc pour qui saura comprendre le sens et l’essence d’une véritable   quête !

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L’emprise de la noire saison doit nous mener à une profonde et salutaire réflexion…
Ce temps, où la vie se réfugie à l’intérieur de nos humaines demeures, c’est le temps propice aux intériorisations, aux profonds sondages en notre cœur…
Nous sommes invités à diffuser alentour notre propre chaleur d’amour, à faire acte d’attention et de compassion, à être généreux envers nos frères et nos sœurs qui dans la tourmente, la solitude, l’ignorance et la peur, douloureusement sont…
En cette période de dénuement extrêmes et de redoutables rigueurs, soyons avec l’Arbre de toute vie, des branches solidaires…

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Le Mahatma Gandhi rappelait qu’en appliquant l’adage « œil pour œil..» le monde finirait aveugle !

C’est dans le cœur que se livrent les plus décisifs et importants des combats, ceux qui consistent à terrasser, à « maîtriser » nos dragons intérieurs…

N’est-il pas possible, est-ce une impossibilité, que le don, le généreusement offert, l’art de la nuance et de la tolérance, celui de l’écoute véritable, de la véritable attention, de l’entendement mutuel, nous conduisent, par amour et compassion, vers l’aimable unisson dans le respect de nos diversités et singularités ?


Par ce don qui est la forme primitive et archétypale du « pardon » nous pouvons désencombrer notre esprit, l’apaiser et alléger le pesant de nos cœurs en rendant l’un et l’autre plus disponible pour accueillir des substances o combien plus nutritives et nourricières…

En cette nuit de la Bienvenue le monde face aux étoiles ambassadrices peut prendre visage de paix et de lumière… Les cœurs et les esprits ainsi sustentés et nourris peuvent devenir eux-aussi irradiants et lumineux… 

 

Ce ne sont plus des frères et des sœurs livrés à une matérialité dévastatrice, enveloppés dans le suaire d’une mortelle destinée mais une fraternité planétaire recouverte des vêtements des noces et des danses pour concélébrer une espérance retrouvée et partagée…

Hubert Reeves nous a rappelé que nous étions des « poussières d’étoiles »… d’infines fragments de l’Etoile des Origines… Une Etoile qui bien qu’éclatée à su franchir la plus longue de toutes les nuits… Nous sommes pour humble partie affiliés à cette Etoile et nous avons en nos ténèbres hérité de son lointain éclat, de sa prime radiance… la fonction sacrée de toute étoile et de guider vers la lumière…

Puisse notre éclat individuel (la part du cœur qui luit par la lumière de l’Esprit) retrouver l’éclat collectif afin d’éclairer notre monde et sa terrible nuit !

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22/11/2012
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