Les dits du corbeau noir

Reflexions estivales Eloge de l'Etre et de l'Instant Aout 2014 Bran du

Réflexions Estivales... Bran du AOUT 2014

 

« Il faut distinguer le domaine scientifique qui explique comment les choses fonctionnement du domaine des valeurs. » « La foi relève de la démarche personnelle, de l'expérience propre à chacun. » H Reeves

 

« Ni le croyant, ni l'incroyant, ne peuvent démontrer par la science l'existence de Dieu... Le non-croyant croit dans la matière et dans les forces intrinsèques de celle-ci et le croyant que matière et forces obéissent à une volonté qui est un Bien supérieur... Les deux hypothèses sont parfaitement équivalentes même si elles restent diamétralement opposées. » Margherita Hack

 

L'été (pour autant qu'il se présente climatiquement comme tel !) est généralement propice au recul et à la pause, lesquels favorisent un temps de réflexion empreint de calme et de sérénité...(selon la qualité bienfaisante et bienveillante de l'environnement !)...

 

C'est la période où nombre de magazines éditent des numéros hors série afin de séduire des lecteurs potentiels en proposant des thématiques assez « accrocheuses »....

Parmi ceux-ci : Science et Avenir sur la base : Dieu et l'Univers... Hasard ou intention... Pourquoi le monde ?... Science / Métaphysique et Croyance...

Transcendance et Immanence... Une origine de l'Univers, un commencement naturel de celui-ci ou une « création » ou encore un Univers sans début ni fin...

A chacun son idée et sa pensée.... Un Univers ou un Multivers ?...

 

Un simple constat scientifique incontesté : Sans une quantité d'ajustements des plus fins (des paramètres fondamentaux choisis) la vie, la nôtre, aurait été impossible... Donc acte !

« La seule chose que nous pouvons affirmer est qu'effectivement, si les constantes avaient été différentes, nous serions dans un autre univers. » Aurélien Barrau

 

Reste que demeure le choix entre une volonté initiale en faveur de l'homme (un projet « intelligent ») ou l'absence de volonté (un combinatoire « physique » efficace et efficient des plus singuliers et « miraculeux »)...

 

On le voit les arguments ou contre arguments pour une thèse ou une autre ne manquent pas sans que l'on puisse définitivement éliminer scientifiquement une version ou une autre...

 

« Prise au sérieux, l'origine de l'Univers demeure une question métaphysique. »

« Si l'univers a eu une origine, c'est qu'il n'a été précédé par rien. Mais alors, de quoi pourrait-il être l'achèvement ? »

Etienne Klein

Voilà de quoi faire macérer dans le cerveau à l'ombre fraîche, sous les platanes, en compagnie d'un choeur de cigales et d'une gentiane (c'est plus agréable qu'un « pastis »!) avec ou sans glaçon …

 

Alors ! Bon voilà du plus ardu en une période dite de relâchement....

Avec la sempiternelle question de l'origine et du devenir nous touchons à la haute voltige cérébrale et ce, sans filets pour les retombées hasardeuses ou les théories quelques peu fumantes...

 

Puisque le positionnement est impossible en dehors d'une croyance, d'une métaphysique, laissées au choix de chacun et de chacune, selon ses « convictions personnelles », laissons de côté cet échauffement intensif de l'esprit pour ouvrir un espace/temps plus prosaïque et moins usant...

 

Et si on parlait tout simplement de l'Etre, certes positionné entre origine et devenir, mais de l'Etre « ici et maintenant »... Et de l'état de son étant ! (A sec ou plein, animé ou calme ?)

 

Vaquer, flâner, vagabonder, laisser glisser, jouir de l'instant et de ce qu'il procure à nos sens et à notre intelligence...

 

Nous avons à vivre l'instant, du mieux que nous pouvons et à le partager si possible afin qu'il grandisse en densité et intensité, en « mémoire » de préférence...

 

Comment faire de l'ordinaire, du quotidien, du banalisé, du codifié voir du formaté, une disposition laissé pour compte des labeurs et souffrances endurées...

Comment offrir à « l'instant de vie » et à ce qu'il contient dans son environnement immédiat, une sorte « d'ode à la joie », une conscience de paix, de sérénité, de plénitude, d'enthousiasme, de complicité, d'entendement, de réciprocité avec l'humour et le rire pour serviteurs, le don et l'échange pour accompagnateurs, l'imagination et la créativité pour stimulateurs, l'écoute et l'attention pour outils de compréhension et de considération... etc...

 

En l'instant, l'Etre importe !

 

Je ne sais d'où je viens au-delà d'un certain seuil au-delà duquel se placent les supputations et spéculations... Je ne sais pas non plus où je vais au-delà du terme de mon existence terrestre... Sauf à faire appel à mes « croyances » personnelles partagées ou non... (Et le blog du corbeau s'est assez prononcé sur ce domaine pour que j'en ajoute une louche de plus.)

 

Ne pouvant recourir à la science pour combler ces interrogations majeures que sont l'origine et la fin de l'Univers ; la science n'étant pas en mesure de mesurer au-delà de ses limites le non mesurable, je me contente pour l'heure « d'Etre ».

 

Mais « d'être » si possible dans mes essentialités, dans mon fondamental et ce, « élémentairement », pour autant que cela soit clairement identifié … et il reste de la clarification à faire !...

 

Si l'instant vécu en conscience et dans la plénitude d'être est en quelque sorte

une forme ou fragment d'éternité alors vivons l'éternité de l'instant !....

 

La mort nous a côtoyé, approché, directement ou indirectement... Elle nous a enseigné qu'il y avait de la vie avant qu'elle ne fasse son ouvrage... Alors occupons-nous de cette VIE qui est un ART majeur et salutaire qui semble le moins bien pratiqué ou le plus négligé de tous les arts alors qu'il les englobe tous !...

 

Au niveau local et planétaire : un seul parti : le parti pris de la VIE... Un seul mouvement (solidaire, compassionnel, symbiotique) : Le MOUVEMENT POUR LA VIE....

 

Qu'avons -nous besoin pour goûter à la bienveillance et à la bienfaisance d'un instant de vie qui nous est offert ou que nous offrons à nous-mêmes, à l'autre, aux autres ou à tout l'univers ?

 

- D'une disponibilité, d'une conscience, d'un désir, d'une volonté et d'une aptitude au bonheur, à la joie, au partage, à l'accompagnement, à l'échange, à la rencontre....

 

- D'une confiance relationnelle entre Moi et Soi, entre ce qui est, ce qui vient, ce qui fut, ce qui sera....

 

- D 'une ouverture, d'une réceptivité, de volets grands ouverts sur la vie et ce qu'elle propose, vers ce à quoi elle invite... Parfois surprenant, inattendu, inespéré...

 

- D'oser sans retenue ce que le corps sollicite de vrai, de beau, de juste...

 

- D'éviter, une fois l'instant « passé », de n'avoir pas su s'écouler et se répandre en son sein.... L'instant véritablement et intensément vécu ne saurait être générateur de « regrets »...

 

- De la nécessité fondamentale de faire l'économie de tout ce qui est de nature à contrarier une nature généreuse et enjouée.... (Lister les parasitages éventuels et agir en prévision et en prévention...)

 

Cela implique donc de donner un séjour à l'instant, de l'accueillir, de réceptionner ce dont il est porteur et conjoindre ses apports à la corbeille des dons et des offrandes déjà disposés sur la table de la convivialité attendue et souhaitée...

 

Désirer, concevoir, mettre en œuvre les conditions les plus favorables à l'éclosion de l'Instant afin que celui-ci parfume, de son jardin fleuri, ses hôtes et invités...

 

La poésie, le chant, la musique, la danse, le silence, l'écoute, l'attention, tous les sens convoqués, sont des invités de marque et de choix...

 

L'envie d'être naturellement, véritablement, intensément, simplement, heureusement et jubilatoirement SOI est de mise dans cet instant non semblable à un autre et qui se veut être d'ajustement, d'accord, de résonance, de concordance et de cohérence...

 

La recherche de l'harmonie et de l'équilibre demeure le but, l'objectif à atteindre et à maintenir dans l'instant qui réunit ces deux piliers et soutiens

d'une approche de ce que pourrait être une certaine forme de « perfection »...

 

La paix et la sérénité naissent au sein de cette harmonie, de cet équilibre enfin réalisé, instauré par désir, volonté et conscience à cette seul fin pour la parenthèse « vitale » ouverte et refermée au sein du grand phrasé de l'existence...

 

Prendre sein, assise, fondement et joie dans le « bien-être » sollicite donc une forte et vive volonté de créer en soi et autour de soi les meilleures conditions pour que s'instaure un Etat d'Etre attentif à l'instant qui s'étire vers le ciel et les quatre horizons pour embrasser la vie sur les deux joues ; terrestres et célestes...

 

Vivre lors, c'est entendre, voir et suivre le vol des insectes dans les prairies du jour et se réjouir de la danse des abeilles, du chant des grillons, de la cétoine qui s'enivre sur la fleur épanouie du sureau, en étant invité au banquet des flux, des ondes, des parfums, des bruissements, des souffles, des couleurs, tous les sens en éveil et tous nos capteurs de vie branchés sur les vibrations qui en émanent à travers la palette mouvante et émouvante du vivant...

 

Contempler, respirer le monde... Occuper sa juste place en celui-ci sans domination, sans asservissement, sans préoccupation, sans encombrement...

 

Etre cette feuille suspendue à la branche du ciel qui s'enspirale au gré des vents, étreinte de rosée, baignée d'azur et d'aurore...

 

N'être que cela, mais être pleinement, délicieusement, intensément, consciencieusement et voluptueusement cela...

 

Tout l'enjeux planétaire réside dans l'ETRE, dans la qualité d'être, dans l'aptitude à Etre, dans la façon d'Etre et de se relier, de se connecter à la VIE ; à Son Principe, à son Essence, à son Anima... Ici et maintenant...

 

La nature révèle à l'Etre sa véritable « nature »... C'est le plus grand livre ouvert pour nous enseigner l'essentialité de notre « présence » en ce monde...

Lors , retournons aux grèves, aux landes, aux forêts, aux déserts, aux alpages, aux îles, aux marais, revenons aux sources et aux souches d'une origine que nous pouvons appréhender de cœur, de corps et d'esprit.... car nous sommes cela...

 

Nous sommes ce ru d'ignorance qui se veut se conjoindre à un océan d'entendement, à une réciprocité de sens, aux feux et aux eaux primordiales qui nous consacrent au nom d'une vie multiple et singulière dont chaque fragment est l'ambassade d'un Tout qui nous conjoint à l'absolu et à l'infini, à l'immanent et au transcendant...

 

Le « hasard » nous donne rendez-vous disait René Char et ce « objectivement » répondait André Breton... Vivre c'est rencontrer, c'est « se rencontrer » et découvrir ensemble nos singuliers pluriels... C'est oser la confiance qui nous convie à des fiançailles et à des noces...

 

Donnons chacun et chacune réponse, vive, lucide, claire, sereine incarnée à la question du « Pourquoi le monde »... Soyons la réponse qui se lève sur le jour et la saison ; la réponse qui constelle les nuits de nos doutes et inquiétudes, la réponse qui sautille en chantant sur la marelle du devenir, la réponse qui tangue sur les vifs courants de l'audace et du courage et qui fait étrave de ses rêves et de ses songes...

 

L'importance est de vivre sa vie, d'en alimenter le foyer, d'en entretenir les braises et les flammes, non pour consumer cette vie, non pour se brûler aux torches illusoires, aux brandons orgueilleux, aux braseros du mensonge et de la cruauté, mais pour la rendre plus chaleureuse, apte à rassembler et réchauffer, à éclairer et illuminer nos frères et sœurs en humanité et tout ce qui concoure, en tant que règne, à la splendeur et à la merveille d'être au monde....

 

Bien fraternellement Bran du août 2014



07/08/2014
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