Les dits du corbeau noir

POESIE (SUITE) BRAN DU 1998/2016 01 12 /DEC

 


DE LA POESIE      Bran du   Décembre 2016

 

 

Poésie, oui, une poésie de plein champ, une poésie de plein vent, une poésie de l'instant, du différent, du fragment et de l'ailleurs...

 

Une poésie de sèves, de songes et de sang mêlés.
Une poésie pour appareiller, pour embarquer en l'océan du vivre, pour pourfendre les marées du quotidien, pour remonter les courants d'importance, pour se frayer passage entre les récifs du conventionnel et du concédé, pour tendre vers une pensée flottante qui soit aussi une île.

 

Une poésie élémentaire sise au carrefour des éléments et des sentiments premiers, en transversale du vocabulaire, dans le buissonnier de la pensée nomade et dans le cuir sédentaire des songes mis en demeure de vivre...

Une poésie de bons heurts, une porte battante entre le Nord et le Sud, l'Orient et l'Occident ; double, triple circulation des forces et des énergies de la mémoire et du devenir, du présent véritablement offert.

 

Une poésie de carrefour, de lisière, d'auberge, de promontoire, de gué, d'estran, de berge et de ligne de crête.

Une poésie qui soit et demeure une courbe, une sinuosité flexible, une ode serpentaire...

Une poésie pour tout ce qui étreint, épouse, transcende, transforme, anobli et transfigure alchimiquement, mot à mot, lèvre à lèvre...

 

Un chant infini pour de subtiles métamorphoses, par une ultime transparence, pour une claire vision des mondes conciliés en la paume ouverte, irriguée de senteurs ; paume tendue comme une vallée irriguée par les fleuves du ciel et ses cascades bruissantes...

 

 

Poésia : cela implique, de signifier, de faire, d'acter, d'enfanter, d'imaginer fonds et formes immuables et mouvants en échappant à toute définition, en privilégiant l'instable, l'errance, le flottement, le tangage, l'heure qui chavire sur des récifs empruntant, leur corail aux rires des amants...

 

Le mot comme un soc, comme une étrave, pour que l'homme s'en retourne sur les sentes primordiales des terres encore vierges de toute profanation...

 

Aventurier du temps et de l'espace, pourfendeur et maraudeur, puisatier, braconnier de l'aube, pourvoyeur de crépuscule, avaleur d'étoiles et cracheurs de vents, passeur de braises et d'eau ; c'est ainsi que l'on devient serviteur en Poésie...

 

On ne fait pas de « Poésie » , c'est la « Poésie » qui vous fait, qui façonne, qui sculpte l'argile d'un mystère qui s'élève sous les doigts des mots vers l'infini de l'oeuvre...

 

Il nous faut rappeler sans cesse l'absence, l'abandon, l'oubli, la désertion, le renoncement, le factice, le paraître et toute négation de l'homme et de son devenir en parlant au nom de ce « possible » inépuisable qui renverse les murs, abat les cloisons, chasse les parasites et inaugure la venue décisive d'une volonté affranchie des esclavages et des servitudes que fomentent la chaotique société des hommes...

 

Préfacer, convoquer les prémices, augurer de cet avènement salutaire appeler « état poétique », soit cette disposition naturelle et consciente à incarner véritablement et vibratoirement le monde et toutes ses conjugaisons planétaires, telluriques et cosmiques, stellaires et souterraines, archaïques et futuristes...

 

Célébrer... Concélébrer l'instant et le fragment, tailler ces « pointes de diamants » comme le formule Kenneth White, explorer et louer le divers comme Victor Segalen, se pencher sur la chronique d'une feuille, sur l'ondoiement d'un lac, sur immaculé de la neige, sur le policé d'une grève comme l'inspecteur et l'arpenteur David H Thoreau, faire éclater l'uniforme, l'angle, le cadre et le linéaire pour susciter des arabesques courant, sinuant, ondulant entre le connu et l'inconnu, le fini et l'infini, comme le firent les bardes et artisans des Mondes celtes, saluer la constellation du songe et de l'imaginaire et rendre hommage à ceux et celles qui ont achevé leur destin dans le sein d'une Etoile...

 

///...

 

 

L'Aède, le Scalde, le Trouvère, le Barde, le Bauls, voici les dépositaires, les héritiers, les dignes successeurs de la Parole première ; ceux là font tournoyer les mots dans la salle de danse de l'Univers...

 

Ce sont jongleurs d'eau et de feu, nautoniers du futur, puisatiers de l'instant, arpenteurs d'infini, baladins des rivages, enlumineurs du quotidien, oiseleurs magnifiques, bateliers du rêve que ces traqueurs de baleine blanche....

 

Ce sont de grands veneurs qui hante les forêts de l'imaginaire ; une meute de mots et d'images courant à leurs côtés...

 

Augurer par mots appropriés et rimes ajustées l’avènement d'un « Etat poétique » ; intrinsèquement et hautement poétique ; annoncer la venue de cela qui, Souffle dans le souffle, fera vent aux voiles tendues vers Lui...

 

Et ceux-ci et celles là s'en viendront au rivage, mêleront leurs regards aux feux de l'horizon ; se baigneront dans le blanc de l'écume, épouseront les vagues et les flots d'un Poème d'océan....

 

Les mots se feront coquillage, conque d'entendement ; de nouveau, les enfants entendront cette « mer », à leur oreille confiant, la vie et ses mystères...

 

Lors, « Oeuvrer » sonnera juste, trouvera l'accord, illustrera la concorde, validera le consonant...



01/12/2016
1 Poster un commentaire