Les dits du corbeau noir

MANIFESTES DU SURREALISME (A BRETON) EXTRAITS / NOTES BRAN DU 2016 03 09 SEPT

Du Surréalisme...

 

Celui-ci aura 100 ans en 2014... Au seuil de cette commémoration me vient l'envie , provoquée par un judicieux et pertinent hasard, de "revisiter" le "Manifestes du Surréalisme"...

 

« L'intuition poétique se veut non seulement assimilatrice de toutes les formes connues mais hardiment créatrices de nouvelles formes – soit en posture d'embrasser toutes les structures du monde, manifesté ou non... »

 

« Ce que le surréalisme se veut soulever de « problème général », c'est celui de l'expression humaine sous toutes ses formes. »... 

 

 «... L'homme n'est pas encore tout homme et il faut lui laisser « le temps » de le devenir .»...

    A. BRETON

 

 

 

Le « hasard » (qui bien souvent me réserve d'heureuses surprises) me met en rapport fortuit avec un ouvrage, jadis survolé, d'André Breton (ceci à la devanture d'un libraire du secteur.)

Il s'agit du premier et du second manifeste du « Surréalisme. »  (1924/1929/1935) ; mouvement littéraire comme l'on sait dont on se demande s'il a eu ou non de dignes héritiers pour le perpétuer et des prolongateurs pour le faire évoluer... (Si ce n'est, peut-être, la « dimension quantique » qui se profile dans le champs des « correspondances magnétiques et autres» amorcé et esquissé alors...)

 

André Breton développera en amont de cette innovation importante l'écriture automatique libérée donc de toutes les contingences et conventions. Celle-ci sera l'esquisse et la première approche de ce que sera cette nouvelle aventure du langage et de l'image avec une influence conséquente en son siècle...

 

(...L'écriture automatique que j'ai tenu à mettre à la portée de tous, se prête particulièrement à la production des plus belles images.)...

 

Si la vie est « association » et relève dès son origine de processus symbiotiques efficients en leur assemblage inédits et judicieux pourquoi les mots et le langage n'emprunteraient-ils pas à ce caractère fonctionnel et à ses dispositions ?...

 

Surréalisme : définition selon ses « inventeurs » :

 

« N.M. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée.

Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »...

 

Aspect philosophique :

« Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. »

 

Les éléments constitutifs du surréalisme (« un non-conformisme absolu... impliquant une véritable guerre d'indépendance.») :

 

La pensée , élément premier de la conception et de la pratique...

 

Le rêve comme élément amenant, associé à la réalité, à une surréalité (une réalité absolue donc)...

« ...Pourquoi n'accorderais-je pas au rêve (des « moments de veille » ce que je refuse parfois à la réalité ? »... 

« ...Le rêve ne peut-il être appliqué, lui aussi, à la résolution des questions fondamentales de la Vie ? »...

 

«... Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires que sont le rêve et la réalité en une sorte de réalité absolue ; de surréalité si l'on peut ainsi dire.»...

 

Le langage et l'image comme supports de l'expression, de la relation, de l'étude et de la création...

(« Le langage a été donné à l'homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste.»... « ...Un langage sans réserve.»)...

 

«... Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires que sont le rêve et la réalité en une sorte de réalité absolue ; de surréalité si l'on peut ainsi dire.»...


L'imaginaire et l'intuition comme dynamiques, sources, étoiles et étincelles de toute formulation... (L'imagination qui fait à elle seule les choses réelles.) « ...L'imagination est amenée à abandonner l'homme à son destin sans lumière. »(Quand celui-ci renonce à y faire appel !)...

 

La vérité... comme assise, fondement, lignes de force et axe majeur...

"...Une poursuite de la vérité (une démarche élémentaire) qui est à la base de toute activité."...

 


La « Poétique » comme Essence des sens et de l'intelligence mis en œuvre...

Tout ouvrage « réel » est indéniablement « poétique »...

La pensée à pour acte l'agir et le faire et ces deux fonctions ont pour source et souche la « poétique » (Le fait de « faire » est rattaché étymologiquement à la fonction poétique !)...

 

(Cet oubli ou cette méconnaissance ont pour désagréable conséquence de faire du langage et de l'image un simple produit de consommation, de chosification et de marchandage. Soit «Une utilité arbitraire. »)...

 

L'Alchimie ou l'art de la "transformation allant de la Matière à l'Esprit :

 

 

« ...Je demande qu'on veuille bien observer que les recherches surréalistes présentent avec les recherches alchimiques, une remarquable analogie de but.  …///...

 

La pierre philosophale n'est rien autre que ce qui devait permettre à l'imagination de l'homme de prendre sur toutes choses une revanche éclatante. »...

 

« ...L'Alchimie du verbe... L'amorce de l'activité difficile qu'aujourd'hui seul le surréalisme poursuit.»...

 

 

La liberté de librement penser ouvre des espaces sans frontières ni limites ; elle s'offre à l'inconnu, à l'immense, à l'infini et s'autorise

toutes les rencontres, toutes les confrontations, tous les mystères, toutes les découvertes, toutes les audaces et toutes les élucubrations...

 

Elle donne carte blanche à l'inspiration laquelle tracera ses axes et lignes de force d'entendement sur les dites cartes qui se couvriront de signes signifiants en rapprochant pour l'entendement suprême des éléments (ô combien séparés parfois et peu à même de s'assembler au demeurant) qui par leur conjonction et juxtaposition feront jaillir de l'obscurité coutumière une étrange et bien neuve lumière !...

 

Certes, science, expérimentations, mémoire et connaissance sont convoquées en cette « affaire », mais elles ne tiennent pas pour autant le sage et fougueux gouvernail de cette inédite navigation...

 

Une telle « liberté » de formulation, de tons, de couleurs, de senteurs, de perceptions, d'intuitions, de vibrations, fait peur aux êtres englués dans le sécuritaire, la normalisation, l'enclosement et la pasteurisation des actes, des idées et des pensées.... (André Breton parle lui de servage, de contingence de moyens, d'avilissement et de crétinisation, d'où de nombreuses et parfois virulentes critiques à son égard.)...

« Arracher la pensée à un servage toujours plus dur...

La remettre sur la voie de la compréhension totale...

La rendre à sa pureté originelle.»...

 

Les poètes ont pour prédestinée de concevoir des « attentats contre les formes et les enfermements qu'elles produisent » ; Ils redonnent aux Souffles de la Vie leur plus amples respirations...

 

Les peuples premiers font langage et image, symbole et entendement, de ce qui inspire leur sens, leur cœur, leur pensée avec, secondairement, une confrontation avec le champs de leur connaissance et la vivacité de leur intelligence....

 

Les mythes et les notions archétypales (comme tout le tissu légendaire que revêt nos anciennes mémoires) sont issus de cette horde de chevaux sauvages appelée « l'Inspiration » !...

 

Le surréalisme laisse un place grande au « Féminin » ; voyant en celui-ci un plus bel avenir pour l'homme et la société humaine...

 

L'image poétique, librement induite, inspirée, s'inscrit dans une reliance qui rapproche ce qui était jusque là épars et disséminé dans le temps et l'espace, mais qui relève en fait d'une même lignée globale d'entendement, d'appartenance et de constitution...

 

(Le surréalisme trouverait ici un parfait prolongement et développement à travers la « pensée quantique » et ce qu'elle permet d'assembler (par superposition, intrication, oscillation et interférence) de ce qui a été dispersé, fragmenté, occulté dans notre inconscience individuelle et collective.)...

 

(Cela aide à « faire du monde et de soi-même une représentation moins opaque. »)

 

 

« ...Nous pensons avoir fait surgir une curieuse possibilité de la pensée qui serait celle de sa mise en commun. »...

 

 

 

 

Le « Surréalisme » énonce ceci :

 

« L'amour charnel ne fait qu'un avec l'amour spirituel

« La femme se doit d'être aimée et célébrée comme la grande promesse.» (Afin de réaliser, par voie de complémentarité absolue l'unité intégrale, à la fois organique et psychique. Soit, au premier chef, la nécessité de reconstitution de l'Androgyne primordial dont toutes les traditions nous entretiennent et de son incarnation, par-dessus tout désirable et tangible, à travers nous.»)...

(Goethe considérant la Femme comme la plus haute chance de l'homme et Aragon comme étant le devenir et l'avenir de celui-ci.)

(Pour Breton ; c'est « Découvrir alors de quelles prestigieuses étoiles était semée la ligne du cœur. »)...

 

 

« ...Nous pensons que c'est l'idée d'amour, seule capable de réconcilier tout homme, momentanément ou non, avec l'idée de vie. »..

 

 

 

D'où la nécessité : «... D'émanciper le langage de sa fonction « utilitaire ». De «... Restituer celui-ci à sa vraie vie. »...

De «  ...Lui rendre tous ses pouvoirs ».

De « ...Servir la libre association des idées. »

 

Le surréalisme :

«... Il plonge ses racines dans la vie.»...

« ...C'est une secousse émotive qui donne réellement prix à sa vie. »...

« ...On ne saurait le confondre avec un passe-temps intellectuel. » (et élitiste.)

 

« ...Je compris que... Malgré tout la vie était donnée, qu'une force indépendante de celle d'exprimer et spirituellement de se faire entendre présidait en ce qui concerne un homme vivant, à des réactions d'un intérêt inappréciable... »

 

« ...Une activité qui ne m'a jamais déçu, qui me paraît valoir plus généreusement, plus absolument, plus follement que jamais qu'on s'y consacre et cela par ce qu'elle seule est dispensatrice, encore qu'à longs intervalles, des rayons transfigurants d'une grâce... »

 

 

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La poésie enseigne l'homme...

« ...Le temps vienne où elle décrète la fin de l'argent et rompe seule le pain du ciel pour la terre. »...

(...Qu'on se donne seulement la peine de pratiquer la poésie.)...

(...Remonter aux sources de l'inspiration poétique et s'y tenir.)...

 

« ...Ce qu'il y a d'admirable dans le fantastique, c'est qu'il n'y a plus de fantastique : il n'y a que le réel. »...

 

Sur la trace d'une pensée « quantique » :

 

(L'image est une création pure de l'esprit. Elle ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte, plus elle aura de puissance émotive et de ré »alité poétique. » (Nord-SUd 1918) (Dimension quantique de cette conception d'A Breton)

 

« … C'est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qu'a jaillit une lumière particulière, lumière de l'image, à laquelle nous nous montrons infiniment sensible.

(On songe à J Reverdy : Rapprocher volontairement « deux réalités distantes.)...

(Breton parlera lui  "d'étendues logiques particulières."...

 

La valeur de l'image dépend de la beauté de l'étincelle obtenue... Elle est par conséquent, fonction de la différence de potentiel entre les deux conducteurs. »...

« ...Les mots, les images ne s'offrent que comme tremplins à l'esprit de celui qui écoute.»...

« ...Tout est bon pour obtenir de certaines associations la soudaineté désirable..

« ...Cela produit des effets mystérieux et des jouissances particulières.»...

 

« ...L'homme est soluble dans sa pensée.»...

Il est, par sa pensée, onde, flux, influx, fluide, vibration, ondulation...Il n'est plus limité par sa boîte crânienne et les geôles qui s'y sont implantées...

 

Une conception traditionnelle, une sagesse et un enseignement que dispensaient nos ancêtres celtes :

 

« ...Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et 'incommunicable, le haut et le bas, cessent d'être perçus contradictoirement.»...

 

«...Le surréalisme, (une disposition de l'esprit) ; c'est l'espoir de détermination de ce point.»...

 

Et pour la Tradition qui est la nôtre, ce point est « vérité » et « transcendance » fait équilibre entre toute chose, passée, présente et à venir !...Il est vecteur et facteur d'harmonie réalisée... Par cela et en cela se conjugue le Verbe de tous les verbes...

 

« ...Le surréalisme vous entraînera dans la mort qui est une société secrète. »...

 

Nos Anciens l'ont dit : la mort n'est que le milieu d'une très longue vie !

Si nous arrivons à régler notre « problème » face à la mort alors nous nous rendons, jubilatoirement, totalement disponible pour la vie !...

 

La pensée se doit d'être une libre « coulée » de lave ou de résine printanière, un libre écoulement de source ou de fontaine, un ru, un ruisseau, une rivière, un fleuve et un océan... Elle brasse tous les courants du monde et danse dans la grande ronde des astres...

 

Elle trace avec la Grande Roue de l'Univers un chemin d'ombre et de lumière qui ne laisse aux ornières que d'invisibles empreintes...

 

La liberté de penser, de concevoir, de mettre au monde selon la variété des expressions disponibles ou encore à inventer est sans doute la plus grande qui soit et la plus salutaire...

 

Cette pensée nous est propre ne la laissons pas se salir les mains et le cœur dans des compromissions et des flatteries qu'entretiennent l'orgueil et l'illusion...

 

Pensons et repensons la vie et essayons de « panser » ce monde....

 

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03/09/2016
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