Les dits du corbeau noir

LES ROUTES DE LA MER BARDI BRAN DU 1993/2017 09 01 JANV

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Lever de soleil en Brocéliande  Photos Bran du

 

 

 

Les Routes de la Mer.... Bran du Eost 1993 / 2017

 

 

 

« ...Enseigne-moi les routes de la mer... »

Victor Segalen dans les « Immémoriaux ».

 

« La goutte d'est qui tombe dans l'océan ne doit plus dire «- je suis une goutte d'eau, mais «- je suis l'océan. » Rumi

 

 

 

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Ouessant

 

 

 

...Se lever tôt matin, ébrouer les rêves frileux accrochés aux falaises de la nuit...

Savoir les brumes complices de la forme à venir...

Porter regard au monde, à celui-ci ; scarabée d'or livrant sa bague vermeille aux fiançailles du jour et à cet autre, acrobate du silence, tissant, en transparence, un suaire pour la mort...

 

Nécessaire est le haut vouloir du feu en sa forge et de l'eau en son ru ; l'alchimique vouloir des blanches métamorphoses...

 

Se hâter de prendre source, de dire à la souche qu'elle a racine au ciel...

 

Ouvrir toute grande les portes du matin, les fenêtres rouges et bleus d'un ravissant désir...

 

Porter regard au monde...

Prendre sur les lèvres l'émouvante livrée du ciel, envelopper son visage dans l'Etoffe de Lumière...

 

Verser au cœur la laitance neigeuse de ce qui s'en vient au monde afin que soit, en la citée des souffles, au royaume des vents, l'oiseau aux ailes tournoyantes...

 

Sortir sur le seuil des épaisses pénombres, se vêtir d'un tulle solaire, de ces bandelettes aurifères qui s'enroulent aux branches et aux troncs, qui « s'enspiralent » sur la verticalité des tiges montées à l'assaut du ciel...

 

S'emplir des parfums vaporeux et voluptueux qui encensent les prairies et les bois ; cueillir, en l'offertoire des feuilles, en la coupe des paumes, en l'oratoire d'argile et de mousse, le doux miel de rosée et d'aurore...

 

 

 

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Ouvrir, à fleur de peau, les pétales de son être...

 

Etre ce calice où le ciel déverse les grains pressés des nuages....

 

Prendre place entre l'herbe et la feuille ; être de cette souplesse qui se plie sous le poids aimant du jour ; ployer sous la charge d'Amour...

 

Etreindre toutes les rondeurs du vivre ; presser contre son sein la ferme poitrine des monts et collines...

Epouser le flamboyant et le dansant des flux et des ondes ; mener la ronde au Cercle étincelant...

 

De toute évidence, prendre nu, son bain ; son bain de recouvrance...

 

En appeler aux sèves nutritives, aux résines cicatrisantes, aux sucs guérisseurs... Porter l'humus dans les étages du ciel... Prendre épaule d'arbre...

 

S'ouvrir infiniment aux choses de l'Amour...

 

 

 

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Reprendre la vieille route des hommes à la recherche de l'ambre et de l'étain, s'enfoncer vers ce Nord lointain où brille le pur diamant des origines...

 

Cheminer parmi les ronciers du doute et de la peur ; se frayer passage au-delà et par-delà ce qui vous retient dans les rets de la servitude et de la soumission ; trancher les lianes des enlacements pervers ; n'avoir pour attache que la cordelette effilochée des vents, que le mouvant et le glissant des éphémères demeures...

 

Faite acte de jouissance au nom de la Lumière...

 

Tailler son chant dans le houx des naissances...

 

Reprendre vie dans le taillis, dans les buissons du printemps des nids...

 

Etre de cette graine qui ensemence l'hiver d'un rire verdoyant...

 

Se sentir ; à la jointure des mondes, comme un mortier de songes et de rêves ; être de ces conjonctions par lesquelles s'assemblent les hautes pierres de la Vie...

 

Le bonheur est une ivresse qui fait clair, transparent et limpide le sang qui part du cœur...

 

 

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Parce qu'un forgeron à trouvé belle la chanson...

Parce que l'alouette à rendez-vous avec le bleu du soleil...

Parce qu'un arbre a gardé en ses fourches le petit d'une étoile...

Parce que la pierre est bien plus que la pierre...

Parce que des bosquets frémissent sous la poussée des bourgeons...

 

Marcher d'un pas aimant vers les assemblées de sel et d'écume...

Faire rivage de son front et grève de ses mains...

Ecouler le temps par le travers de ses doigts...

Boire l'espace comme on tête le sein...

Soulever en soi l'épais voilage des brumes...

N'être plus que cela qui s'offre et qui reçoit...

La Mère se tient là dans son océan de chair qui ondule et flamboie...

 

Elle se tient là dans la ceinture pourpre qui moule les hanches des collines et des dunes, des falaises et des caps...

(Quand, au matin, la ceinture se desserre, glisse au sol le long manteau d'étoiles.)...

 

Il est venu le temps d'épouser l'immensité, de mener le cœur aux noces élémentaires de l'eau et du feu ; de fiancer le jour et la nuit, la mort et la vie !...

 

 

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09/01/2017
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