Les dits du corbeau noir

Lecture et analyses LES MABINOGI traduction Yves LAMBERT

EXTRAITS de LECTURE et analyse  Bran du   10 09 2012 (Approches)

LES « MABINOGI » traduction de Pierre Yves LAMBERT Edition Gallimard

LES TRIADES DE POESIE :
« Trois choses appartenant à celui qui pratique le métier de belle langue : la poésie, la mémoire et la Tradition (Cyfarwyddyd). »
« Les trois branches de la poésie ; les Clwyd ( couplets), les Englyn (épigrammes), et les Awdl (strophes).»
« Les trois mémoires sont : les Généalogies, les Armoiries, les Divisions géographiques. »
Les trois Traditions sont : la poésie archaïque, les contes (Ystoriau) et la poésie bardique. »
Grammaire bardique de Simwrt  Vycha (XVIè siècle)



En quoi les MABINOGI gallois, en leur quatre branches contées, sont-ils de nature à nous fournir aujourd’hui des enseignements adaptables et transposables ? Que pouvons-nous retenir de « sagesse », de « sapience » actualisables « ici et maintenant » de ce corpus de textes issus d’une très longue et orale ancienneté et transposés à priori entre le XI et XIIè siècle ?

Tout d’abord, et c’est sans doute cela l’essentiel pour notre entendement, ils relèvent, en leurs racines, d’un très haute antiquité et puisent dans un substrat mythologique et archétypal fondateur et ambassadeur d’une pensée qui Constitue un héritage que nous revendiquons comme tel.

Nous nous considérons en effet comme héritiers d’une philosophie et d’une spiritualité qui dans ses dimensions « anhistoriques » traverse allégrement les âges et se « réincarne » en chaque chercheur qui lui donne intimement et profondément séjour…. Il s’agit là d’une « Tradition primordiale » commune en ces périodes de rayonnement puis de déclin à des territoires constituant en gros les trois-quarts de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Europe (Selon une déesse Grecque)…

C’est une Tradition séculaire qui s’est lentement mais fermement forgée sur l’enclume d’au moins mille siècles et plus !… Ce qui n’est pas rien dans la longue et difficile marche de notre « humanité » pensante !…    

C’est, à ma connaissance, la seule Tradition antérieure, non « extérieurement importée » et spécifique à ces territoires de la pensée et des hommes et femmes qui les peuplèrent, qui les ont façonnés, imprégnés, de leurs rêves et de leurs songes, de leurs croyances et espérances, de leurs œuvres et ouvrages, de leur sueur et de leur sang…

Ces récits contés à la mode des bardes nous restituent une part très précieuse de notre « Mémoire ancestrale », de notre « Chêne Tutélaire », quelques fragments et rameaux éclairants qui nous aident à mieux comprendre le Tout et l’Arbre auxquels ils se rattachent…

Retenons ce que nous en dit l’auteur de l’ouvrage et traducteur des dits récits : Pierre Yves LAMBERT :

« La véritable antiquité des quatre branches des Mabinogi est dans la conservation d’une mythologie cletique et même indo-européenne… » (Des rapprochements étant par ailleurs possible avec la mythologie irlandaise.)

On retrouvera d’ailleurs en ces récits des bases mythologiques communes analysées par John RHYS comme, par exemple, le fait que les figures mythologiques s’inspirent grandement du cycle annuel de la végétation et que tous les héros s’apparentent à une figure « solaire »…

Avant de poursuivre plus avant cette étude il y a lieu de revoir une idée pré-conçue et souvent retransmise sur le terme même de Mabinogi généralement interprété comme ayant le sens de « apprenti barde » et de reconsidérer cela sous l’angle plus exact « d’exploits d’enfance » ou «de récits pour la jeunesse » ….. Peut-être y voir une sorte de genèse relatant l’enfance des protagonistes et leur évolution au sein des événements relatés ceci en vue d’une « éducation » morale et peut-être également « royale » ?…

L’Etude fort approfondie et argumentée faite par l’auteur précité démontre clairement l’existence d’une unicité liant les quatre récits contés et la forte probabilité pour que leur auteur soit le même lettré qui avait une parfaite connaissance du fonds oral qu’il a couché sur le papier…

« Chaque branche a pour personnage essentiel un roi ou une reine dont la famille est connue et possède un territoire donné. Il peut s’agir dans ce cadre soit d’une légende royale soit éventuellement un ancien mythes de fondation. »

Il est courant en effet que certaines dynasties royales aient cherché à se donner des illustres antécédents et fondateurs et lignées historiques (ainsi pour les Plantagenets se disant héritiers et descendant d’Arthur et de ses chevaliers, mais aussi de Rois de France faisant remonter leur « noble origines » à des héros Grecs !)

« Les quatre branches trouvent leur cohésion dans la complémentarité des thèmes ainsi schématisés :
- La souveraineté et la succession royale (Pwill) (Où comment un roi doit révérer les Dieux de l’Autre-Monde, épouser une reine et avoir un rejeton royal.)
-L’alliance puis la guerre avec le Pays voisin : l’Irlande (Branwen)
-L’exercice des métiers artisanaux en cas de besoin ou peut-être les conséquences d’un mauvais règne (Manawydan)
-Les rapports du magicien (ou prêtre) avec son roi et avec la société (Math) et son importance capitale dans l’éducation du futur roi. »

« S’il y a traces (réduites et très limités paradoxalement) en ces récits de quelques éléments christianisés bien des valeurs dites « médiévales » correspondant à la morale chevaleresque du Moyen Age comme :
La fidélité à la parole donnée
La loyauté envers le suzerain
La générosité envers les vassaux
L’héroïsme du champion
Le fair play dans les combats singuliers
La courtoisie à l’égard des femmes… toutes ces valeurs médiévales étaient aussi celle des sociétés archaïques précédentes. »

« Les trois fonctions de la société indo-européenne sont en ces récits éclairées dans leur rapport réciproques. »

Nous avons donc déjà ici suffisamment de « matières » à penser et repenser autour des lignes de force et axes majeurs dégagés….


Reprenons les « articulations »  :
Sont en présence le plus souvent un ROI, conseiller et guider par un Sage (un DRUIDE) mais, un ROI qui doit sa régence et son allégeance à une REINE dépositaire de la SOUVERAINETE avec laquelle il doit enfanter un FILS (Mabon ou Mac Oc ou Maponos selon les anciens termes)…
Ce ROI est contraint et se trouve placer au sein de différentes obligations et de différents « interdits » (geis) car il doit assurer la meilleure régence possible du ROYAUME qui lui est confié, une bonne régence dont il répond sur sa vie !… Il se doit de faire de toute « terre gaste » une terre fertile et féconde et de montrer son extrême « GENEROSITE  » en tant que REDISTRIBUTEUR royal des bienfaits octroyés par les DIEUX DE l’AUTRE MONDE qu’il se doit de « révérer » en entretenant leur mémoire et les cultes qui les célèbrent…
Il est EDUQUER, « FORMER » par le DRUIDE qui le conseille et l’accompagne et dont la parole a préséance sur la sienne…
Il se doit de rechercher les ALLIANCES sources d’équilibre et d’harmonies et à défaut de faire usage de la GUERRE pour rétablir les équités et faire cesser le CAHOS déstabilisateur des ORDES ETABLIS…
Il se doit également de faire APPRENTISSAGE des arts et métiers, de suivre une formation MULTIDISCIPLINAIRE lui permettant l’entendement et la compréhension efficientes, pratiques et pragmatiques pour faire face à toute situation et y remédier « diplomatiquement » et efficacement… A l’image du dieu LUG, il se dote d’une formation de « polytechnicien » pour assurer la meilleure régence qui soit…
Il doit se « garder d’instruire et de pratiquer un mauvais règne »…

Voilà, en résumé un peu court, il est vrai le canevas, l’ossature, la trame, de ces récits à valeurs éducatives et pédagogiques dont nous pouvons transposer philosophiquement et spirituellement la portée tant au niveau des symboles, des analogies que de l’ensemble des contenus adaptables et actualisables, dans notre société contemporaine, au plan individuel…

C’est sur ce canevas et cette trame qu’il y a lieu de réfléchir et c’est ce que je  m’invite et vous invite à faire non sans jubilation et forte stimulation…

En quoi, comment et de quelles façons puis-je à partir des termes « volontairement » sélectionnés transposés, si j’en ai l’ardent désir, ces données mythologiques et archétypales, légendaires et ancestrales, dans mon quotidien….

Quelle part ( a priori royale) donner « analogiquement » en SOI, au ROI, à la REINE, AU DRUIDE, AU ROYAUME, AUX DIEUX DE l’AUTRE MONDE en ma TERRE plus ou moins GASTE, AUX GUERRES ET ALLIANCES « INTESTINES » , A LA SAGESSE ET AUX ENSEIGNEMENTS QU’ELLE DISPENSE ?

QUEL ENFANTEMENT A ATTENDRE et A METTRE ou REMETTRE AU MONDE comme FRUIT MATURE de mon ARBRE DE VIE ?….

QUE M’APPARTIENT-IL DE REDISTRIBUER des DONS et BIENFAITS RECUS ?…

COMMENT PUIS-JE DÉJÀ AGIR positivement, de façon constructive, équilibrée et harmonieuse, au sein de mon propre CAHOS ?


« A chacun la découverte ou l’ignorance » disait M Levesque

Bonne exploration et réflexion en gardant la bonne joie des yeux et du cœur…

Bien fraternellement  BRAN DU



10/09/2012
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