Les dits du corbeau noir

INITIATION partie 4 JM RICOLFIS (extraits)

L’INITIATION   partie 4    17 09 2012     Bran du  (extraits de lectures)

J M RICOLFIS (Celte et Gaulois) Centre régional de documentation pédagogique de Paris….

« Nous avons bu le soma ; nous sommes aussi immortels, nous sommes allés vers la lumière, nous avons rencontré les dieux. »   RIG VEDA

C’est dans un ouvrage très « confidentiel » que l’on trouvera de remarquables recherches sur la « Matière celtique » et l’Esprit qui l’enfanta et en assura, et en assure encore de nos jours, la « croissance »…

Voici des extraits de la partie consacrée à l’initiation ; un chapitre qui certes s’appuie fortement sur ce que l’on appelle « la légende ou geste arthurienne » en sachant que le substrat à ces récits est bien fondamentalement, mythologiquement, celtique, au-delà et par-delà les épisodes christianisés…

Pour l’auteur l’Irlande a en dépôt l’essentiel de la « religion initiatique des celtes » ( on notera ici le lien volontairement fait ici entre religion et initiation !)

Cette « initiation » implique : la quête des épreuves, le drame sacré, le chaudron, la lance, l’épée, la boisson et la nourriture sacrée, les promesses d’immortalité et les formules rituelles…
 Il note également que « L’initiation celtique » se distingue de toutes les autres initiations de l’antiquité par des traits « guerriers » originaux…

Il note aussi  (et à regret) que ces « secrets » censés n’être dévoilés que sous le sceau même de l’initiation sont en fait bien souvent divulgués et dévoilés même aux « profanes » …

Il nous rappelle ce que signifie le mot initiation : Cérémonies par lesquelles on était admis à la connaissance de certains mystères…

Il précise qu’il est souhaitable de substituer à la notion de commencement souvent usitée celle d’admission (au sens de « entrer dedans »)...

3 bases à cette initiation : le rituel / le philosophique / le technique…
3 origines : L’initiation royale / compagnonnique / Mystique ou philosophique…
(C’est une « reproduction » de la quête originelle et du « voyage » du dieu (initialement réservés aux « sacerdoces »)…

Les voyages et les épreuves font arriver à la connaissance des secrets des dieux et à l’identification de l’initié à son âme immortelle…

Cela demande des qualités physiques, morales et intellectuelles qui sont exigées pour les initiés… C’est une quête dure et difficile !…

(Le Monde Celte est une Tradition qui favorise l’approche individuelle de la connaissance.)

Il y a une initiation simple / réservée/ divine….

L’initié : c’est aussi le « myste », le « novice »… Il suit un parcours calqué sur celui du dieu de la société lui-même reflet du cycle solaire associé à celui de la triple reproduction : végétale, animale et humaine…
Il va retrouver le dieu provisoirement caché ou mort et assisté à sa résurrection et atteindre un bonheur parfait qui sera celui de devenir « immortel »…

1 / LA PURIFICATION : (du corps qui est considéré comme véhicule de l’âme)… Il s’agit de « dépouiller le vieil homme »… C’est le « passage par l’eau », l’immersion dans la rivière, le fleuve, le lac, l’océan… Les ablutions sacrées… Ce sont des jeûnes, des abstinences (sexuelles également) afin de se garder de toute « pollution »…
L’univers ne peut être « ressuscité » que par l’union des principes opposés mâle et femelle ; la semence universelle doit être concentrée dans le grand Dieu si l’on veut qu’il parvienne à féconder l’immensité de la Terre…

2 / LE PARCOURS DE LA MORT : (visite et pénétration de la grande nuit, de l’eau, du feu…) Il s’agit de passer la « frontière » du monde vivant…

3 / UNE VEILLEE NOCTURNE ET SOLITAIRE : dans l’obscurité et le silence « écouter et se taire » avec ingestion d’une boisson sacrée (Hydromel…) servie dans une coupe, un chaudron, un vase « consacré »…
(Il peut y avoir un peu du sang de l’initié versé en ces contenants, mêlé à la boisson cérémonielle.) Il s’agit ici de favoriser les visions qui vont « éclore » au lever du jour…

4 / LA RESSURECTION : L’initié va renaître à sa nouvelle et véritable vie. Il devient « Fils de la Lumière » et ce au sein d’une cérémonie collective. Il boit de nouveau à la coupe « enivrante ». Il va « voir » enfin…  Cela s’accompagne de chants et de musiques, de fortes liesses…
Les objets sacrés lui seront lors présentés qu’il devra nommer en expliquant leur valeur symbolique…
Il renaît comme le dieu à la vie éternelle…

5 / L’INITIATION SUPERIEURE (c’est un accroissement, une densification et intensification des processus et opérations précitées)…  C’est une « cosmunion » avec le Dieu, la Déesse… Les « secrets » sont lors révélés...
(Il absorbe la « boisson des dieux », (l’élixir d’immortalité) dans laquelle se reflète une lumière projetée sur le breuvage divin… Il « boit » ainsi « à la Lumière »….   (Il absorbe les Rais lumineux et sonores « incréés »)…

6 / L’INITIATION SUPREME :  (divine, sacerdotale)  Elle était réservée à ceux dont l’intelligence permettait de saisir la vérité dernière celle qui veut que « la Lumière doit être recherchée dans l’Esprit »…

L’âme sera un jour séparée du corps et deviendra vraiment immortelle…

La véritable lumière est au cœur, au sein même de l’initié et constitue sa « part divine »…


L’INITIATION CELTIQUE : (relire les textes, les légendes « personnelles » comme celles de Perceval, de Gauvain pour les mythes arthuriens…)

La quête est commune à toutes les initiations sans exception… C’est le « départ » obligé…

Elle porte ici sur deux mythes et sur deux « drames » :

1 / Une reine enlevée et retenue dans l’Autre Monde qu’il faut aller chercher pour éviter la mort de la terre non fécondée…

2 / Celui d’un roi blessé dans sa virilité qui attend que l’on vienne le chercher pour guérir sa blessure et assurer ainsi les 3 reproductions : végétale, animale et humaine et… le RETOUR du SOLEIL….

Cela implique d’entendre et de répondre à l’Appel qui ne manque pas de se manifester quand le « quêteur » est prêt…

Il y aura bien des embûches, des obstacles, des épreuves volontairement « infligés » au cheminant sur ce parcours initiatique… On tentera de le « détourner », de celui-ci, de l’égarer et de le perdre…

Il y a chez les Celtes une très forte exigence et « obstination » demandées au « quêteur »…

(En Irlande et au Pays de Galles, l’initiation était réservée aux rois, à leurs compagnons choisi soit par eux ou par leur druide…) (Les initiés relèvent d’une filiation ou lignée royale…)

Les rites initiatiques celtiques sont plus dépouillés et plus « nobles » par rapport aux autres rites de l’antiquité… Ils se forgent et se fondent, dans les rites « druidiques » et « suivent » ceux-ci…

Avant la quête, l’initié est réputé « ignorant », méconnaissant, « vierge »… Il doit être animé par «l’amour de la vérité » et répondre au code d’honneur celtique : être valeureux, artiste et artisan, poète et musicien (et respectueux de sa parole, fidèle vis-à-vis de ses « serments » et engagements)…
Le « vieil homme » n’existe plus, l’initié à rejoint la « famille » des initiés… la « touta », le clan des initiés…

Les « appelants » : ils se présentent à l’initié ( sous diverses formes) et les incitent au départ. Ils sont munis d’objets, d’attributs divins : hache, chaudron, branche à pomme d’or, rameau d’argent, grappe de houx, épée magique… Ce sont parfois des belles et énigmatiques « messagères »…

La date d’ébranlement de la queste : elle se situe soit à Samain soit au début de la « Belle saison » (Beltaine)…

Le lieu de départ : Il est question de pénétrer dans une forêt obscure, dans une terre gaste et désolée, dans un décor sinistre…

L’initié ne découvre que peu à peu le bon itinéraire à suivre…

Il s’agit de trouver le passage, l’entrée dans l’Autre Monde… qui implique un « passage par l’eau »…
Purification et préparation :  Il s’agit de bien choisir parmi des voies divergentes…   Le départ, fêté dans la liesse et les réjouissance, (avec un bain rituel entouré de pucelles !), va déboucher sur un décor angoissant et terrorisant…

En veille à l’initiation : il y a séjour dans une grotte, une caverne, un rocher entouré d’eau… C’est un parcours qui frôle la mort…

(L’entaille rituelle que se fait l’initié est une blessure rituelle qui symbolise « le prix à payer pour le passage »…)

Les obstacles sont nombreux (les ombres tentent de s’interposer face à la clarté), mais devant la « LUMIERE » toutes les difficultés s’estompent…

(L’initié peut être « enterré » dans le sol et dans l’obscurité pour connaître ses propres « terreurs » et les maîtriser.)…

La sincérité est exigée par rapport aux réponses faites par l’initié aux initiateurs qui les posent…

Sur cette période du passage initiatique la chasteté absolue est demandée car elle seule autorise l’atteinte à l’initiation suprême…

Le drame sacré : L’histoire du Dieu, de la déesse, du mythe est rappelée et sont présentés lors les objets sacrés qui sont la sauvegarde de l’initié et des initiateurs… (lance, épée, grand et petit chaudron…)… (Transposition archétypale de l’étrange cortège du Graal)…

Si le drame sacré relève du cycle féminin : l’enlèvement de la reine, son viol, son enfermement est rappelé afin de concourir à sa délivrance…

Vient alors la « résurrection », l’initié participe dès lors à la « remise en ordre » des choses       

( retour de la fécondité, restitution des capacités vitales, reconnexion à l’essentiel, union féconde avec la reine et la souveraineté…)

L’initié sait désormais que la mort, comme l’hiver, n’est que passagère et que le mystère de la génération rend l’homme immortel…

Les « vrais secrets » : ce sont ceux qui correspondent à la somme des connaissances techniques, scientifiques et métaphysiques détenus par la classe des Initiés…

 

.....................................................................

 

Commentaires  Bran du  17 septembre 2012

Nous avons là, des bases solides et édifiantes, bien argumentées, de la notion d’initiation tant sur un plan « général » que dans le domaine plus spécifiquement celtique (avec les prolongements majoritairement en adéquation avec les « modèles » originaux dans le cours de l’Histoire (Investissement de cela dans le corpus arthurien)…

Boire au breuvage d’immortalité, connaître la douce ivresse de l’âme conviée au banquet de la félicité et lui donner périodiquement  « son bain de clarté et de lumière »…

Etre invité à mieux se connaître ; soit, à revivre avec sincérité, authenticité, clairvoyance, exigence et conscience en ayant acquis des nouveaux plans de perception,  de déduction, d’entendement et de compréhension…

Admettre en cette initiation et par elle, la primauté du spirituel sur le temporel, le corporel et le matériel. Etre admis alors dans la communauté des initiés qui renouvellent en permanence leur propre initiation…
(Admettre laisse bien entendre une notion de « maître » soit de maîtrise et les capacités que cela exige !)…

Entendre et comprendre donc que la dite initiation est bien une quête, un cheminement, une pérégrination souvent « serpentaire » et « spiralée », une navigation hauturière et un voyage « enchanteur », mais aussi « éprouvant » du fait des nombreux obstacles qui se présentent sur le parcours et tentent de réduire les avancées et de limiter les progressions…

C’est aussi « mémorisé » les étapes, jalons et franchissements opérés qui seront « base d’enseignements futurs » et de « transmissions »…
Donner sens à tout cela qui procède d’une Essence…

Accepter cette nudité du corps comme de l’esprit qui autorise et favorise tous les « recouvrements » essentiels, et nous permet de « visualiser », de restituer à nous-mêmes notre « vérité » et notre « réalité » en ce monde et en l’autre…

Suivre le processus opératoire de cette alchimie interne, de ces métamorphoses et transformations profondes, oser pénétrer dans le labyrinthe de nos complexités et contradictions, dans le coumloir de la « mort », afin de résurrection, de réenfantement, dans une état où l’Être retrouve sa « royauté » et sa régence libre mais responsable… en sachant que l’aboutissement terrestre et existentiel de notre quête ici-bas sera aussi un INITIATION ultime !…

Vivre, incarner, habiter, animer ces mythes, ces « figures », ces drames afin de les faire nôtres, de les « transposer », de « transvaser » le contenu du chaudron et se faire pour cela chaudron soi-même !…

On notera les fortes « exigences » demandées en ce parcours : vérité, sincérité, authenticité, volonté, désir, élan, courage, audace, connaissance, accord, concorde, résonnance ajustée, maîtrise, lucidité, équilibre, harmonie, capacité à « oser », à franchir, à dépasser, à vaincre, à identifier, à reconnaître… à sauter par-dessus l’obstacle ou se faire soi-même pont ou passerelle vers « l’Autre-Rive »…


Bien des qualités pour plonger dans « le pays sous les vagues » !… et remonter comme un saumon vers la source nourricière et ses fruits de connaissance…
Autant de vecteurs de vie et d’évolution pour « l’Essence de notre Etre »…

Se vouloir et se savoir dès lors pleinement acteur, artisan, artiste, instructeur, accompagnateur, poète, musicien, tisserand de notre propre équipée ou épopée… Traverser notre propre miroir !…

Avoir volonté et désir de répondre à l’appel, aux « signes » adressés, de respecter notre serment, notre engagement, notre parole donnée à nous-mêmes et à toute la création visible et invisible, de participer à la « délivrance » de nos diverses aspirations légitimes, de nos valeurs intimes, de nos capacités à Etre, à l’équilibre et l’expression conjointe et complémentaire de nos « polarités », à l’heureuse manifestation dans la pleine lumière de nos potentialités recouvrées et développées…

Garder « confiance » et cultiver la « conviction » sans cesse réinterrogée que la Lumière fera de sorte de lever toutes les sombres difficultés qui se présenteront sur le passage et le parcours…

 

Nous pourrons, forts de la recouvrance de notre Energie, de notre Force et des Lumières qui guident l’une et l’autre, faire enfin vivre le dieu, la déesse et le « mabon » en nous et faire refleurir la gaste terre....



17/09/2012
0 Poster un commentaire