Les dits du corbeau noir

IMBOLC 2013

IMBOLC 2013  Bran du

Préliminaires

"La fête est liée à la survie depuis des millénaires / la fertilité et la fécondité sont à l’origine de la majorité des fêtes… La christianisation de l’Occident fut très lente (si l’on suppose qu’elle est actuellement achevée)… Le dragon est une projection répandue et collective… Il incarne, comme le serpent, tout ce dont nous avons peur…
Nous sommes païens ! Païen signifie paysan et nos racines sont toujours liées au terroir… faire la fête, instaurer des rites… pour retrouver la joie d’être ensemble, de coexister, d’être (et assurer la cohésion de la société.)… »   Yvonne de SIKE  (Fête et croyance populaire en Europe)

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Vers le 02 FEVRIER :  la fête de l’ours

« Des fêtes comme la fête de l’ours constituent sur le territoire français l’ultime trace de rites destinés à composer avec les forces de la nature. » Michel PRANEUF (Ethnologue)

L’ours est une créature intermédiaire entre le monde humain et celui des bêtes (il est censé les jeunes filles) Il est lié au roi Arthur… Des cultes germains et celtes étaient rendus au « roi des animaux »…
Le jour de la Chandeleur l’ours sort de sa grotte annonçant le retour proche du printemps…L’Eglise dénigrera et humiliera ce « roi des animaux »….
On célébraient alors les fêtes lustrales païennes de sortie de l’hiver.
Hervé PONCELET

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Du Carnaval et des fêtes qu‘il recouvre :

Carnaval était une religion ; c’était la même religion qui a précédé le christianisme. Il contenait toute une explication cohérente du monde et de l’homme. Il définissait les rapports de l’homme et de l’au-delà… Carnaval met en évidence une chaîne très archaïque de mythes et de rites qui conforterait l’idée de ses origines celtiques, voire indo-européennes ….
La fête est par essence transgressive et dotée d’une forte contestation de l’ordre établi , dimension dionysiaque…   
L’hagiographie (vie des saints) médiévales à été une véritable machine à christianiser les vieux mythes européens…


La pensée sauvage (…/…) se nourrissait de mythes anciens qui se retrouvaient dans les fêtes populaires, dans les rites, les superstitions… (Traces d’une vision du monde parfaitement structurée, organisée, basée non pas sur la raison mais sur l’analogie et le merveilleux.  Les textes profanes ou la littérature romanesque et plus évidemment encore les vies légendaires des saints portent trace de cela. Ces « vies des saints » sont fabriquées par des évêques et des prêtres pour habiller de façon chrétienne des motifs mythologiques païens. La Légende dorée » de Jacques de Voragine (XII)   offre une étonnante sédimentation de motifs mythique préchrétiens, en particulier celtique.


Les saints et les papes ont repoussé dans les ténèbres antiques le temps païen. »                       Philippe WALTER

« La romanisation de la Gaule n’a été que superficielle ; les croyances indigènes ont subsister en grande partie. »  « Les saints tauroctones (dompteurs plutôt que tueurs de dragons/serpents d’Europe Occidentale représentent un héritage celtique. »       Bernard SERGENT

« Aucune croyance ne survit par pure inertie, elle a toujours un sens pour celui qui la professe. » Alain TESTART

La fête est une œuvre d’art collective, qui sert à recréer du lien et à réinvestir l’espace public….
La fête est égalitaire, c’est un exercice de démocratie… En être acteur est préférable au statut de consommateur et de spectateur…    C’est le déploiement irrépressible d’une foule, le désir de jouir, de faire l’expérience d’une explosion de joie… Science et Avenir « les Croyances »
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Commentaire Bran du  11 01 2013

Le druidisme ancien n’est plus vive l’état de druidité !   De la permanence du « fond » au sein de l’évolution des « formes »…

L’histoire officielle (fortement manipulée et sujette à des occultations nombreuses et volontaires !)
nous enseigne que le druidisme n’a pas survécu en tant que corpus de doctrines et collège de sacerdoces formés à son service et exerçant librement celui-ci…  Les Filid irlandais ( bardes)  ont cependant continué de transmettre une part de ce corpus sous des formes diverses sujettes à altération au cours des siècles… Mais le constat est bien réel le druidisme s’éteint faute de serviteurs et de servantes et de populations se groupant autour… La pratique étant interdite et sujette à persécutions le flambeau de la transmission s’éteint lentement….

Mais, cela doit-il signifier pour autant une extinction totale et définitive car si la matérialité corporelle de son expression et de ses manifestations disparaît en effet, l’Esprit ; Celui qui a donné initialement forme, assise, fondement à un ensemble de croyances et de rites ne saurait disparaître car il est à la fois immanence et transcendance ?…

D’où des résurgences périodiques et sporadiques au sein des populations rurales lors des fêtes collectives… On ne peut éradiquer toutes les racines ancestrales des « païens » car la mémoire à fait souche du très ancien et vénérable Arbre de la Vie !

L’Esprit est anhistorique par Essence et ne peut se réduire en fixation et matérialisation… Il est toujours en capacité de souffler là où il veut et de la façon qui lui convient afin de raviver les foyers éteints par le poids des hommes et des siècles… L’Anima est toujours en capacité d’éveiller et de raviver un Animus disposé à ce réveil et à cette entreprise qui invite à œuvrer de façon consciente et aimante en référence à une Tradition philosophique et spirituelle qui induit, conseille, accompagne attitudes et comportement en réinjectant du sacré dans la relation et le sentiment d’œuvrer en correspondances entre passé, présence et devenir…

Le druidisme antique n’est plus et en cela il ne fait que démontrer combien les sages anciens ont eu raison de n’en point figer les formes celles-ci étant vouées à la LOI d’EVOLUTION laquelle nous permet ici et maintenant d’en réincarner les fondamentaux…

Il est à l’exemple de ces graines et semences retrouvées après des siècles d’ensommeillement qui ont gardé tout leur potentiel de nouvelle germination….

L’Etat de druidité ouvre ses sillons de chair, de songe, de rêve et de sang à de nouvelles emblaves, à de nouveaux ensemencements… Oui le Blé lèvera à nouveau et l’Esprit fera moisson des gerbes de Lumière…



IMBOLC :


Selon les études du professeur CH J GUYONVARC’H associé à Françoise LE ROUX (Les Druides)
Imbolc constitue une fête particulière ; un rite spécifique qui s’ajoute en nécessité et complémentarité aux trois fêtes majeures que sont Samain, Beltaine et Lugnasad (lesquelles sont en correspondances avec les 3 fêtes majeures du monde brahmanique d’origine donc indo-européenne. Les équinoxes et les solstices qui précèdent de 40 jours environ ces fêtes dites majeures semblent constituer une étape, un jalon entre celles-ci  en récapitulant la fête sacerdotale passée et en amorçant la nouvelle…

Imbolc est bien une exception par sa nature même car centrée sur la LUSTRATION indispensable à la bonne tenue de toute fête celtique ce qui lui donne vraiment un caractère sans équivalence…

Elle se tient à la sortie de la période hivernale censée avoir accumulée des scories difficiles à éliminer sauf en cette période des « Grandes Eaux » où la nature procède à un immense nettoyage et lessivage...
(C’est la fonte des neiges et des glaces, les rivières et les fleuves se gonflent, déposent les limons fécondants…)  Tout cela procède d’une lustration saisonnière comprise analogiquement par les femmes et les hommes qui s’y associent de cœur, de corps et d’esprit…

L’EAU est Traditionnellement et quasi universellement étroitement associée au féminin sous diverses aspects de sa représentation. La Terre et la Femme sont en conjonction et en conjugaison par rapport à l’Eau originelle créatrice et dispensatrice de vie…

Le solstice d’hiver a donner lieu à la naissance du Mabon, du jeune fils, de l’Enfant-Lumière au sein de la fécondation de la Déesse Mère (Boan, Dana…) par le Dagda…. Cette conception fait, qu’une fois la Création réenfantée, la neuve Lumière, le nouveau soleil, accompagnent la croissance du Mac Oc jusqu’à sa parousie et son apothéose estivale…

Cette lumière est conceptualisée comme relevant de la clarté, de la pureté, de la chaleur, de la transparence, du libre écoulement en sa limpidité et d’une heureuse et bénéfique radiation…

Nous sommes donc en une période consacrée à la LUSTRATION et aux ablutions purificatrices…
Les hommes et femmes de l’Antiquité connaissaient et concevaient cette nécessité de se « dénuder », de se laver en profondeur, de se parfumer afin d’être prêts à revêtir un nouveau manteau lumineux, à « changer de peau proprement dit !) ET ce, sur tous les plans constitutifs d’un individu et d’une communauté de croyances et d’appartenance…

A cette image et en ce sens la « mariée » se fait belle avant que de recevoir sa robe de noce !…

C’est aussi en ce mois de février que l’on peut situer le carnaval lequel remonte fort loin dans l’histoire européenne et prend sa source en amont même de la civilisation celtique dont le dieu Cernunnos se présente comme une survivance  « actualisée » d’anciennes représentations comme celle du Dieu-cerf et des cultes antérieurs s’articulant autour… (On retrouvera sous de nouvelles figures ces mythes et archétypes dans le Gargantua de Rabelais par exemple…)

Avant que ne règne un nouvel agencement, un nouvel ordonnancement du rapport et de la relation entre les êtres et la nature, l’univers et des êtres entre eux, il semble indispensable, vital même, de lâcher quelques pressions sociétales qui maintenues trop longtemps seraient fortement préjudiciables au « vivre bien ensemble » de l’époque. Il s’agit comme en toute fête de maintenir, de fortifier, le bon équilibre entre le monde humain et tous les autres mondes en éliminant par débordements ce qui pourrait renverser le chaudron même de l’existence…. Il faut soulever le couvercle de la marmite afin que s’en échappe librement ce qui serait de nature à tout faire exploser !


Ce débridage des contraintes et des obligations est salutaire pour tous et pour toutes et se traduit dans la population par des attitudes et des comportements inversés par rapport au « code moral et sociétal établi »… On brise les interdits, on inverse les fonctions et attributions ainsi que les valeurs pour donner libre cours aux instincts mais ceci sous le contrôle d’autorités qui encadrent cela sur une période accordée et limitée ayant conscience qu’il en va du maintien même de leurs privilèges…

Ce processus libératoire participe lui aussi à la fonction de « nettoyage », de « remise à neuf », de lessivage autant des habitats, des  fermes et de leurs dépendances que de la demeure intime et profonde qui réside au cœur de chacun…  

L’ours qui sort lors de sa caverne hivernale et son hibernation pour reprendre ses activités invite la collectivité humaine à se remettre à l’ouvrage ( passage de l’interne à l’externe…)

L’eau est une composante majeure des rites de lustrations et d’ablutions mais elle demeure associée au feu ( la fièvre amoureuse va elle aussi rallumer ses braises !)

On assiste lors à la lactation des brebis ; cette lactation est associé en Irlande au terme d’Imbolc…
Ce sont les premières naissances qui annoncent toutes les autres et ce après les premiers signes annonciateurs célébrés lors de la cueillette du gui, la perte des ramures des cerfs, la mue des serpents, la sortie de l’ours etc…  La venue des agneaux inaugure le nouveau cycle des naissances et réactive le processus vital dans toute la création….

Il est dit qu’après la perte de leur ramure les cerfs se mettent en quête du serpent qu’ils tueront et qu’ils absorberont en le dégorgeant pour en recracher le venin après absorption d’une grande quantité d’eau… Ils feront du poison absorbé et recraché un élixir de vie et de régénérescence !…

L’eau est le viatique qui participe à  toute naissance et renaissance… Elle participe aussi dans le monde celte du passage obligé pour rejoindre la terre de promesse, le verger d’éternité…
L’eau nous accompagne du début à la fin !…

La majorité des anciennes Traditions associe l’eau au début de la création, au début de toute nouvelle existence et cette association s’étend tout aussi universellement au principe féminin, à la polarité féminine et ce sous les traits redondants et multiformes de la Déesse Mère…

Il serait fastidieux de relater les innombrables liens instaurés en ce sens… C’est à la Femme, à la jeune fille ou vierge, aux ondines, à mélusine et ses sœurs, que l’on attribue le « gardiennage des sources et fontaines » et ce à très juste titre… La mère enfante en libérant ses eaux et ceci devrait être suffisant à tout éclairage, à toute compréhension du rapport entre l’Eau et le Féminin… C’est un lien premier, essentiel et fondamental…

L’homme est sorti de cette « mer » matricielle pour plonger dans l’océan de la vie…

C’est à travers les noces alchimiques de l’eau et du feu que se réalise toute Grande Oeuvre…

Tout ceci légitime o combien le fait que cette fête d’Imbolc soit particulièrement confiée au féminin et concélébrée sous cette égide… C’est donc au collège des femmes qu’il appartient plus particulièrement dans concevoir et d’en mener le déroulé… Ce sont les « Dames », servantes de la Déesse qui auront en charge de préparer, de concevoir et de mettre en œuvre le rite d’Imbolc…

Notre collège ne déroge pas à cette règle en confiant au « Féminin », et dans le respect et la fidélité au Fond de la Tradition et de ses enseignements majeurs, les nécessités d’adaptation et d’actualisation de ce corpus doctrinal au sein de l’élaboration et de la conduite de cette cérémonie…

 

Ce n'est pas un hasard si Imbolc se présente initialement sous la patronage de Brig ou de Brigit puis de Ste Brigitte en Irlande christianisée... Une Déesse particulièrement célébrée et adorée, "une flamme resplendissante", patronne des médecins, des forgerons et des poètes qui enseigne et initie le masculin en bien des domaines fondamentaux donc...

Proposition découlant de ce qui précède :

Etudier cette fête telle que nous pouvons en avoir la compréhension à partir des documents et connaissances mises à notre disposition et en concevoir le bon déroulé ( y compris symbolique et analogique)…

Sans altérer le fond, puiser dans les travaux nombreux réalisés par nos frères et sœurs dans le Cercle d’Abred et ce depuis que celui-ci à été tracé et adapter les lignes de force et les axes essentiels et élémentaires de cette fête à nos sensibilités et intelligences actuelles à partir de mises en forme adéquates… Favoriser l’entendement et la compréhension et donc la participation en veillant aux équilibres et aux harmonies…

A cette connaissance conjoindre la force, l’énergie et la lumière rayonnante de l’amour conviées aux noces relationnelles ferventes et ardentes et ce par son ambassade cristalline : la part du DON !...

Avec la pratique de la méditation préalable portant sur cette connaissance et les « énergies » à l’œuvre, ouvrir généreusement et humblement son intime demeure de chair et d’os, de songe et de pensée, aux souffles de l’AWEN…

Se rappeler que tout accord harmonieusement réalisé participe de la musique des sphères !

 

Lors tisser la trame des fils du chêne !



11/01/2013
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