Les dits du corbeau noir

Hommage à Jacques GESTALDER (druide Cernunnos)

Hommage à Jacques Gestalder    Sculpteur émérite, penseur, barde et sanglier d’un certain corbeau !                                                                                             

 

                                                                           Bran du  31 01 2013
                     
De son regard, aiguisé comme un scalpel,
Il affouillait les entrailles de son temps,
Faisant augures des bouillonnements de sang
Qui agitaient les hommes dessous leur ciel obscure…

Lui voyait ce que les autres ne voyaient pas :
Il voyait les flammes dans l’arbre qui se meurt,
Des colombes libérées, débaguées de leurs peurs…
Il voyait, sous la terre, le blé poussant fort droit !…

Sans cesse il évidait la matière
Sans faiblesse il taraudait le marbre
Rendant sève à son arbre aux rameaux de sagesse…

Il habillait le vide d’un mantelet de lumière…

Il hantait le territoire des ombres, traquait la lueur ou l’éclair
Pour retrouver, sous les couverts sombres, le chant des sources claires…

Il savait en lui, le puits, la clairière,
Le sanctuaire d’amour d’une polaire qui luit…
Lors, venaient à lui, les biches et les cerfs
En une ronde solaire, absolue, infinie…

Sculpteur au Service de la Dame ;
Humble, mais fervent servant, de ses désirs et de son âme,
Il était cette chair concise, ramassée en ses os, bandées en ses muscles
Qui hissait au sommet le plus haut, le rouge du labeur…

Il donnait corps et magnifiait l’image ; l’image en son essor, le rêve en son voyage…
Il incrustait son diamant dans la pierre qui dure,
Semblable à l’athanor, à son divin ouvrage,
Sans âge était l’Esprit qui lors prenait figure…

Il oeuvrait à dessein et celui-ci était beau
Gouges, maillets, ciseaux, plongeant au Sein du sein…
Le feu était en lui, en lui étaient les eaux…
Une forge en sa peau brasillait jour et nuit…

Il savait que les montagnes dansent
Que la roche a rendez-vous d’océan…
De songes et de plumes, il prenait son élan
Ses mains prenant l’écume forçaient le cri du vent…

C’était un « iroquois » à la crinière de glace ;
La grâce était la cible des flèches de son carquois…

Quand tombe, blanche, la neige, je sais qu’en cela,
Venue d’un domaine ou la blancheur est reine, où le bonheur est loi,
Un souvenir m’allège du pesant de mes pas :
Celui d’avoir connu un poète des hauts bois ,
Voyant et rebelle qui s‘écriait parfois :

« Debout, au non de l’œuvre, il faut parler en roi. »  Jacques Gestalder



31/01/2013
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