Les dits du corbeau noir

GUY (NOUVELLE) 2017 BRAN DU 28 08 AOUT

 

Guy...        Nouvelle Bran du         Août 2017

 

Il ne devait pas son « succès» auprès des femmes à son physique lequel était on ne peut plus « ordinaire » ; cheveux court en brosse, gris-blanc, lunette à petit carreaux, sourcils épais, yeux marrons, joues et menton glabres, la cinquantaine bien avancée et un ventre déjà bien proéminent...

Trente cinq ans au service d'une banque et la retraite dans moins de six ans...

 

Divorcé depuis plus de vingt ans, alternativement célibataire et accompagné, résidant dans la maison Familiale située en bord de mer depuis le décès de ses parents...

 

Fils unique, mais père de deux enfants l'un de 23 ans (le garçon), l'autre de 21 ans (une fille) tous deux partis de la région parisienne pour s'installer, comme il était de mode alors, sur Montpellier dans l'Hérault...

 

Il était seul la plupart du temps, mais quand la solitude le gagnait ainsi que la nostalgie d'une présence féminine, il déployait toujours le même scénario à l'efficacité prouvée ma fois...

 

Il usait, abusait, pour tout dire du sentiment de compassion voir de pitié qu'il inspirait à un féminin porté sur le sentiment maternel vis-à-vis des hommes...

 

Il feignait d'être atteint d'une maladie dont le terme ne pouvait qu'être évident ; une maladie non contagieuse bien évidemment, mais dont on suspecte fort qu'elle irait à terme vers une fin inéluctable...

 

Il avait l'art de jouer au « malade » résigné et courageux qui se soigne, mais sans trop y croire et dont on a irrésistiblement envie de prendre soin surtout quand on sait faire vibrer la corde sensible qui veut que l'on goûterait bien encore à certains doux et attentionnés plaisirs « charnels » avant que d'en être sevré définitivement !...

 

Comment refuser, en effet, à un homme aimable et attentionné, bien de sa personne, délicat, élégant, de jouir de ce dernier et voluptueux viatiques tendrement accordé à l'aube du Grand départ ?...

 

C'est ainsi que, en trois ans, il y avait eu Brigitte puis Martine, Isabelle (le temps d'un été), et enfin Chantal qu'il venait de « congédier » sous prétexte, assez percutant, qu'il ne voulait plus « obliger une femme à devenir son infirmière de jour comme de nuit et à se sacrifier pour lui à travers une dépendance de tous les instants !»...

 

Se tenant au célibat tout l'hiver, le printemps approchant éveilla en lui de nouveau un vif désir de femme...

 

Il n'eut pas à passer la petite annonce habituelle, car le bienheureux hasard fit la chose à sa place sous la forme d'un démarchage à son domicile en vue d'une éventuelle transaction immobilière qui lui aurait permis de vendre un bon prix l'héritage de ses parents et d'acheter un appartement de 128 m2, tout confort, toute « sécurité » ; dans une résidence conçue sur mesure dans une station balnéaire réputée de la côte...

 

La représentante de l'agence était une femme, en tailleur rouge très cintré et fort moulant qui épousait des formes disons avantageuses...

Pas plus de 45 ans, svelte, sportive, au tempérament gaie et à la vive nature, aimant l'humour et maniant la parole et le geste avec élégance et savoir faire...

 

La discussion, fort agréable au demeurant, s'engagea devant une tasse de café et de thé vert... Elle dura jusqu'au dîner lequel se déroula sur invitation dans le restaurant spécialisé en fruits de mer tenu par un vieux copain de Guy, ancien camarade de classe et marin-pêcheur à la retraite depuis un an...

 

Guy y alla de son couplet censé attiré une attitude compassionnelle dans un premier temps puis, dans un second temps, quelques ingrédients de séduction aidant, tenta le tout pour le tout avec aplomb et audace tout en mesurant et en s'adaptant aux capacités réceptives de son vis-à-vis qui s'avéra sincèrement touché par les arguments déployés et l'art de les présenter...

 

Diane, c'est son prénom, suivit Guy jusqu'à la maison de famille...

La discussion repris autour d'un verre de champagne qui avait été mis préalablement aux frais...

Il s'écoula peu de temps et ils passèrent de la coupe aux lèvres aux embrassées et embrasées de celles-ci...

 

Le lit recouvert de la couette brodée par la grand-mère les accueillit comme au premier matin du monde.

Toutefois Diane ne se déshabilla pas, mais se mit à califourchon sur le ventre de son séducteur...

 

C'est alors qu'il se passa un événement contraire à ce que l'on pourrait attendre habituellement d'un merveilleux conte de fée...

 

Le beau prince se trouva en présence d'un visage penché sur lui à l'haleine la plus fétide qui soit, le corps poilu et velu sur toute sa surface et à l'odeur de chien mouillé, les doigts et les mains décharnés aux ongles noirs et pointus !...

 

Le tailleur n'était plus qu'un ensemble de chiffons et de haillons décolorés et déchirés en maints endroits...

 

Quand au visage lui-même, il était d'une laideur extrême, hideux et repoussant...

C'était comme si la peste l'avait ravagé...

Les dents étaient cariées, (des chicots pour tout dire), un œil était borgne, le nez cassé et purulent, les cheveux semblaient un roncier chargé de fruits pourrissants...

 

Un sein sec, flétri, d'un blanc sale, allongé démesurément pendait à travers une échancrure et venait s'écraser sur son front...

 

C'est alors qu'il s'évanouit frappé de terreur à l'approche d'une bouche indescriptible qui se portait au devant de la sienne !...

 

Il se réveilla au milieu de la nuit agité de nausées et de hauts le cœur qui l'obligèrent à se « vider » dans les toilettes...

Il tremblait des pieds à la tête passant de la fièvre au froid qui vous perce jusqu'au os...

Son estomac et ses intestins étaient en feu alors qu'il lui semblait que son sang véhiculait des glaçons...

 

Il lui fallut attendre plus de trois heures avant qu'une ambulance vienne le chercher pour le conduire aux urgences de l'hôpital le plus proche...

C'est là qu'il décéda à 7 heure 36 minutes et 24 secondes très précisément !...



28/08/2017
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