Les dits du corbeau noir

Glenmor ; le Barde (Lecture, citations et commentaires) Bran du

Extraits de Glenmor Le refus, le rêve, la quête Edition les oiseaux de papier...

Hervé le Borgne...

 

"Le message d'un barde est par essence dual ; d'une part il est intemporel ; c'est sa dimension poétique. D'autre part, il est d'une intense actualité quand elle le commande." Glenmor

 

"Chante Milig, L'écrit n'est rien, c'est la parole qui compte!" Morvan Lebesque

 

"En Bretagne... Le chant a été et demeure notre livre de mémoire. Tout nous est donné par le dire et par le chant."

 

"Vous êtes la force émergeant de la matière" (ce que disait de lui un de ses professeurs en arts)

 

"Glenmor : un coeur qui savait se partager." Hervé le Borgne

 

"Milig est "d'une profondeur et d'une spiritualité remarquable." Xavier Grall

 

"Nous sommes des hommes de l'ombre portée, des êtres pour la nuit. Des hommes du signe." Glenmor

 

""Nous sommes la terre et la mer, Glen-Mor : terre et mer. Barde qui passes sur la route arrête-toi pour écouter nos doutes. Puisses tes chants nous émouvoir. Nous rendre l'ardeur de combattre. Touche nos coeurs et fais-nous voir. Fais renaître le feu dans l'âtre, que nous puissions nous reconnaître et naître." Gilles Servat

 

On doit au Barde, au philosophe, au mystique, à l'humaniste, au libertaire et nationaliste, Glenmor (1931-1996) (Milig Ar Skanv ; Emile le Scan pour l'état-civil) d'avoir restitué aux Bretons leur dignité. Il a été la figure de proue d'une Bretagne fendant, de nouveau, les vagues du devenir en hissant haut son pavillon d'hermine...

Il réveilla la braise armoricaine enclose sous les cendres d'une Histoire très jacobine qui opéra vis-à-vis de la Bretagne une bien longue "maltraitance" vis à vis d'un peuple considéré comme constitué de "ploucs" analphabètes ; des "ploucs" qui versèrent cependant, pour la France, le sang de plus de trois cent milles hommes et dont certains, levés de force dans leur campagne, par l'armée française en 1870, servirent de chair à balles et à canons broyée entre la Prusse et la France (Le massacre de Conly)!!!

"Pourfendeur des Eglises il était cependant profondément croyant et ce sans ostracisme..."

Rentré au petit séminaire des Pères Blancs, il jettera quelques années plus tard sa "soutane aux orties." (Il aura entre temps décroché sa licence de philosophie.)

(Bien que non viscéralement anticlérical, l'Eglise catholique l'écoeurait toutefois par ses prises de position.)

 

"L'Eglise, c'est un pouvoir temporel, le pouvoir spirituel est au fond de chacun de nous."

 

"Je suis prêt à jouer ma vie sur la simple espérance de l'existence de Dieu."

 

Milig en fait, créera sa propre religion et une bonne part de ses conceptions sont bien éloignée de la filière chrétienne. Ainsi en est-il en sa croyance en la métempsycose.. Par amitié, il refusera toujours d'imposer ses croyances personnelles. . Hervé le Borgne

 

"... Il a abouti à une sorte de spiritualisme, libertaire et poétique." Xavier Grall parlant de Glenmor

 

"La quête de la sagesse, une marché ténue vers la fécondité, une mouvance perpétuelle vers une autre mouvance, un élan vers un autre élan..."

 

"Qui marche en secret, qui croit, pélerine..."

 

"Crois-tu que les dieux béniraient le tombeau si tu reniais le berceau ?"

 

"Pour Glenmor le rêve sans la quête, sans la lutte, sans le refus, n'ont pas de sens."(Idem)

 

"Nous sommes de race plurielle et avons le sang nomade..."

 

"Je revendique mon appartenance à la terre de mes ancêtres."

 

"Je ne veux pas d'une Bretagne aseptisée, standardisée..."

 

"Je crois en l'humanisme libertaire ; l'homme est le but de la société."

 

Lors de son "grand départ" Jef Philippe composa ce poème (extrait) :

 

"Tu as ouvert un sillon qui ne se refermera

Il est beau sous le soleil le blé que tu as semé

Ta poésie s'épanouira dans la splendeur de l'avenir

Et nous donnera la force de marcher sur la voie des merveilles

Une moisson drue emplira les greniers de notre pays

Grâce à la charrue que tu tenais en ton sillon...

.../...

Par le chant du barde le monde sera plus beau..."

 

Citations de Glenmor

 

"Je crois en la joie qui naît de la terre, au rire qui naît d'une belle moisson."

 

"Aimer assez la vie pour ne pas avoir peur de la perdre."

 

"Ne trahis jamais ton coeur et tu ne trahiras jamais celui de l'autre."

 

 

 

"J'ai la nuit des temps pour semailles et les nuits de demain pour devenir. J'ai toujours parlé au nom d'un peuple parce que je n'étais que solitude."

 

 

"Du berceau au tombeau, il y a souvent moins d'une lieue."

 

"Il est des chemins, il est des vallons

où la vie reprend ses droits,

il est des sentiers et des horizons

où le coeur revit ses joies."...

 

"Qui naît ici n'aura point de tombeau."

 

"J'ai rendu à la glèbe ce qui de moi revient à la glèbe."

 

"On ne meurt jamais de vieillesse, mais de la mélancolie qui nous vient de l'irrésistible éloignement

de l'enfance."

 

"Mon essence, c'est d'être, d'exister quelque part, dans un pays, de parler ma langue, de croire et de pratiquer ma religion. Mon essence, c'est d'être moi."

 

"Ne touchez jamais au clan où l'homme enfin est lui-même."

 

"Seuls les chemins et les vents me furent Maîtres... Je fus l'errant en quête de l'attelage des Dieux...."

 

"Le Dieu des philosophes ne rit jamais. Je me demande s'il est vivant, je préfère celui des poètes et des amoureux."

 

"Tu me demandes le poids et le grand secret des êtres et des choses. Alors écoute. Vois le chêne et sa moisson de glands, le blé et ses chapelets de grains. Le grain et le gland gardent exacte mémoire

du blé et du chêne puisqu'ils donnent vie à d'autres blés, à d'autres chênes.

Il en est ainsi de tout vivant, de tous les hommes aussi qui mûrissant, et toute vie durant, tissent en dedans et en dehors d'eux leurs parures et leurs fruits. Ainsi se trame la GRANDE MEMOIRE, source du MOI. Puis l'homme dessèche et tombe."

"La volonté d'être doit alors tendre à s'identifier avec la GRANDE MEMOIRE acquise. La Mort est vaincue. Le MOI pèlerine, dans les plaines de lumière, avec pour compagnonnage, les mille visions qu'il croit extérieures et qui en fait ne sont que lui-même, vues par lui-mêmes en dedans de lui-même."

".../... Le grand sage et le grand initié gardent mémoire de toutes courses à travers le monde des presque vivants et des presque morts... Ainsi sachant ce qu'ils furent, ce qu'ils sont et ce vers quoi ils tendent, ils peuvent vivre au-delà des apparences, dans les seules réalités de l'ici et de l'ailleurs.

Il n'existe pas d'autres pluriels sous le secret des êtres et des choses."

 

"Jusqu'où un homme doit-il aller pour garder son âme et que vive sa terre ? Pour que ne s'éteignent les derniers feux de la vallée ?"

 

 

Le jeune et bouillonnant philosophe nota ceci sur son carnet :

 

"Etre le témoin du vivant."

"La mort devrait nous trouver guéris et en pleine jeunesse."

"L'abstraction est une faiblesse. Elle est oeuvre de l'esprit, mais ne nous confère aucune puissance d'être."

"Ce qui fait la vie si belle, c'est qu'elle ne nous appartient que pour la réaliser."

"On parle trop de science et pas assez de conscience. Les hommes sont trop intelligents."

"Je voudrais que l'homme soit un peu plus animal et un peu moins raisonnable."

"Avoir tout résolu, c'est être prêt à mourir."

"La nature est une maîtresse fidèle qui chaque jour se refait une beauté et se laisse aimer."

"Le chant du monde est une éternelle symphonie. Il ne suffit pas de l'entendre, il faut l'écouter. Il ne suffit pas de voir ses couleurs, il faut les regarder. Sa poésie ne se comprend pas, il faut l'aimer."

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".../... Toutes les amours ont leurs voyages, c'est au chemin qu'elles sont pesées."

 

Pa vin Maro (Quand je serais mort) extrait

De Roman Ar Gemene ( texte récité lors de l'enterrement de Milig)

 

Et quand je serais mort....

.../... Et vous m'apporterez

jolies fleurs de montagne

ajonc jaune, bruyère verte

et genêt sans égal.

Et à l'image de la vie

éternelle est mon âme

vous mettrez au milieu

un petit bouquet de gui

 

Et vous me direz

que les bardes tiennent bon

chantant la liberté...

En eux le feu sacré...

 

.../... Tant qu'il sera porté

vers les cieux profonds

mon esprit s'illuminera

d'un rayon de bonheur."

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Sa définition de la" bretonnité" est simple et généreuse :

"Il suffit pour être Breton d'avoir été "élevé" en Bretagne ou si l'on vient "d'ailleurs" de le vouloir et d'opter pour cette "identité"....

De la Bretagne il dit : "...Car la Bretagne n'a d'existence que par l'idée que les bretons s'en font."

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Merci à Hervé le Borgne, ce fidèle compagnon de Milig, pour nous avoir restitué objectivement un tel parcours, un si "bardique" itinéraire...

 

Glenmor n'est pas à "redécouvrir", encore moins à déterrer, il demeure à jamais dans la nudité du ciel, de la terre et de la mer, nu en la nue, éternellement !

 

Ainsi sont les bardes dans leur couverture d'écume et d'étoile... Ils continue de veiller près de l'âtre de la nuit allumant chandelle de songes dans le foyer de nos coeurs...

 

Ils sont encore ce phare, cet amer, dans la tourmente de nos vies, lançant éclats de vive lumière dans l'obscurité de nos existences, parmi les houles de peurs et d'ignorance qui battent rageusement nos flancs d'espérances...

 

"Chaque barde est la racine de l'autre" nous dit Gilles Servat... En effet, ils ont sève commune pour nos printemps renouvelés...

 

Chaque barde est montagne et vallée au sein et contre lesquelles la volée des mots enflammés, allumés jadis au "Tertre des Origines", rebondit et ricoche d'âges en âges faisant sonner sur notre harpe existentielle les trois accords fondamentaux, la note pure du Vivre.

 

Nulle parole jaillit des fontaines du Verbe ne saurait mourir ; son flux et ses ondes irriguent nos berges en attente, nos rivages d'espérance, fertilisent nos chairs et nos rêves d'un limon immortel et fécond...

 

On ne mesure pas assez, dans la paume des bardes, la pierre qui roule en leurs flots et qui arrondit ses angles pour mieux épouser l'amour et le monde...

 

Bran du             27 10 2014



27/10/2014
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