Les dits du corbeau noir

Fragments poètiques inspirés par l'oeuvre de Nils UDO

FRAGMENTS POETIQUES  (Calendes d’Imbolc)        Bran du   18 Février 2013


A partir des oeuvres peintes, des photographies et installations de Nils UDO                               (La nature est comprise comme fait biologique et physique, mai aussi sous ses aspects mythiques et littéraires...)

 

"J'aime l'idée que les pierres sont l'étoffe du monde..." "La nature est le thème de ma vie. mon art sort de cette expérience." Il s'agit d'instaurer "la poésie dans le fleuve inhumain du temps..."

"La mort du temps et de la nature, la lumière qui lentement s'éteint, n'advient pas en dehors de nous mais au plus profond de notre être."

            

La forme simple, nue, épurée que la nature prodigue dans l’immensité de l’espace nous invite à comprendre la trame, « l’architexture », sur lesquelles reposent, s’édifient, s’articulent, se conjuguent, se meuvent et s’interpénètrent les florilèges formels des saisons végétales, minérales et animales…

De cela, nous ne voyons, le plus souvent, ni la veine, ni le sang, ni la sève mais, cependant, notre regard, sans cela pourtant existant, serait immensément vide et dépourvu autant de sens que de vie…

Ainsi, les simples nervures d’une feuille, ciselée par l’automne, évidée, par le vent, la pluie, le gel, reproduisent l’arbre lui-même et l’arborescence forestière toute entière !…

Une plume suffit pour donner à voir, à comprendre, la chorégraphie permanente et sans cesse renouvelée en ses arabesques saisonnières, du vol des oiseaux ; cet appareillage savant et approprié dans lequel joutent les vents qui ne sauraient s’en priver sans sombrer alors dans un ennui abyssal…

Une crosse de fougères roulée dans son duvet de rousseur contient en son déploiement ce mouvement d’élan et de vigueur qui fait le printemps advenir et, du sous bois, une assemblée de danseuses et de danseurs …

Le contraste entre les couleurs comme celui par exemple provoqué par un galet noir déposé sur le beige d’une grève, évoque un dialogue vibratoire, une circulation de flux et d’ondes, au sein d’une sphère relationnelle et ce en des propos que seule une pensée aimante, consciente et accordée peut conjoindre sans parasiter pour autant le jeu et la loi de l’Echange…

Nous entrons sans le savoir au cœur même d’un poème dont nous pouvons déranger l’ordonnancement des mots, des ponctuations, des blancs et des silences… Mais heureusement quand nous le faisons « en connaissance » le poème se reforme après notre passage comme se restaure après l’étrave d’une barque la « paisibilité » des eaux…

Sans la nudité extrême de la pensée qui véhicule un chair et un corps dans l’espace occupé par la nature, nous ne serions revêtir l’essentiel de ce qui est appelé à recouvrir une âme mise à découvert à cet effet…

L’étang est un miroir réfléchissant… Chaque pierre jetée fait remonter la juste question des profondeurs où elle se tient….

Je ne connais rien de plus pertinent que la neige qui se dépose sur les branches ramifiées de l’hiver…
Tout recouvrement par la blancheur découvre l’étendue sous-jacente de la noirceur humaine !…

Si la terre invite à se poser,
Et le ciel à s’élever,
C’est pour que le cœur puisse trouver son point médian, sa juste place en l’univers…

La brume enseigne une respiration, nous dévêt de l’artifice de nos songes employés à paraître…
Seul celui qui tient ses volets fermés s’oppose aux percées de la lumière !…

Il y a sans doute autant si ce n’est davantage dans un brin d’herbe que dans ce que supportent les piliers d’une cathédrale… L’herbe chante et danse pour elle-même, à le ciel pour voûte, l’humus pour crypte et le printemps pour croyance !…
L’alphabet de la nature est fait de millions de caractères, de consonnes et de voyelles innombrables, de traits inventifs et époustouflants… On ne sait vraiment le lire mais, cependant, certains, du bout des lèvres ou des yeux, en lisent l’émouvant et mouvant poème…

L’éloge du divers, d’un singulier pluriel, se tient là, dans un florilège multiforme de sons, de couleurs, de parfums et de senteurs… Tout ce parcellaire, ce fragmentaire, dispersé, éclaté, offre à qui peut le percevoir, l’agencement subtil, intelligent, créatif et innovant, d’une géniale unité… Cette pluralité de conceptions apparemment désordonnées formule en fait l’ambassade structurée des lois communes de l’univers…

Cela qui est habité
Tien pièce vide
Pour l’esprit pénétrant !

Dans les vitraux saisonniers,
Dans la mosaïque des feuilles,
L’incantation matinale des chants appelle la lumière…

Un poème qui ne sait pas sa source
N’est qu’un poisson mort sur le lit d’un étang asséché…

Au miroir sombre d’une forêt dénudée se profilent les troncs et les branches
Sur lesquelles le printemps, demain, montera sa lice d’ors enchevêtrés…

Il n’est pas un seul lierre
Qui n’enserre vigoureusement un arbre
Sans lui confier son désir de lumière !



18/02/2013
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