Les dits du corbeau noir

FINN Bardi Bran du 20 mai 2015

FINN                  Bran du                                      Mai 2015

 

Mon père ; son nom se déployait de l'aube au crépuscule ; ses yeux scrutaient l'horizon et l'échine blanche des chevaux de la mer...

Nul mât dressé qui ne soit vu de son regard d'aigle ; nul pas de conquête qui ne soit repousser par le Fer rougit de sa lance...

 

Ses yeux ont fondu dans l'or du soleil ;

Ses braves ont gravé la pierre de mémoire...

 

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Je suis son fils ; je suis l'héritier légitime du chef des Fianna...

Mon nom est Finn, à ce jour et à cette heure, nu de fer et de victoire...

 

Courage et bravoure à la cour de Conn...

Les nobles guerriers boivent à la coupe de gloire...
Et moi je n'ai que petit lait pour boire, que pomme amère à croquer...

Il me tarde de pouvoir rejoindre la grande frairie des farouches guerriers...

 

Au Nord, il est un sage parmi les sages... Finnegas est son nom...

Du Saumon de Connaissance, il attend, depuis sept ans, le passage...

Le fleuve des années creuse son front et ses rives, mais, patient, il guette le grand bond dans l'eau vive...

 

Je suis allé à sa rencontre, c'était aux calendes de Beltaine...

Deux feux illuminaient une blanche colline...

 

Il se tenait là, toujours au même endroit, penché sous sa vieille cape de laine ; serein et paisible, comme tout ce qui brille et illumine et que le feu ne consume pas, que la lumière n'éblouit pas...

 

Ainsi au seuil de sa sagesse, le sage nous mène....

 

Avec lui je fis courir mes yeux sur les rebonds des ondes

comme la sagesse sonde la nature réelle de nos vœux....

 

Lors je le vis ; le noble poisson aux mille écailles ;

je vis le rouge de son ventre et sa force en mouvement...

Le filet fut jeté sur la vigueur du sang...

Fier fut le combat et noble la bataille...

 

Il tourne dessus le feu, le Saumon du Combat...

Mais voilà mon compagnon qui se brûle et se lèche le doigt...

 

Soudain, l'eau et le feu furent en lui, et l'air et les étoiles et le souffle des choses et les mémoires enfouies...

Rempli fut son rucher du miel de connaissance...

 

Nombreux à l'avenir seront ceux qui puiseront au puits profond de sa science...

 

Heureux celui qui sait attendre dans les méandres de la vie !....

 

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Grande liesse à la cour de Conn ; joutes des lèvres et des bras...

C'est banquet du roi dans la grande salle de Tara...

Sur tant de faste et de lumière une ombre s'avance

qui de sa harpe magique endort la vigilance...

 

Chaque année ainsi s'endorment les gens de cour

Et le feu se répand qui ruine les grandes tours...

 

Cette année encore tous redoutent l'incendie

et se savent impuissants face au sortilège d'une telle magie...

 

///...

 

Sans barbe est l'homme qui vers le roi s'avance...

Si tant armé de courage que le roi à dit : »-oui »...

L'homme est dans sa jeunesse, mais l'honneur lui est promis

s'il défie l'ombre et la guette sous le ciel obscurci...

(L'honneur à parfois figure de jouvence...)

 

Muni d'une lance de force qu'un dieu lui a remit

L'homme est au aguets quand tout s'est endormi

sous le charme de sons qui portent à somnolence...

 

Lui se tient dans l'éveil, le menton posé sur le tranchant de sa lance...

Ainsi il veille et ne faillit !...

 

Et le démon surgit ; son bras armé de flammes et de braises rougies,

mais reste interdit devant celui qui ne sommeille point...

Et celui là l'interpelle ; le trouble au point, qu'il s'enfuit...

 

Mais voilà, la lance le rattrape, le perce de part en part, car jamais tranchant de son fer, ni science de son art, n'ont laissé échapper la chair d'une proie....

 

L'aube en sa clameur se lève sur l'exploit...

Et la clameur des voix se conjoint à cela

que l'on porte sur le bouclier de la joie...

 

Victoire !

Voici Finn, le nouveau chef des Fianna...

Sa ruse est plus grande que la peur et l'ignorance

et sa bravoure fait voler la mort en éclat !...

 

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Notes : Les Fianna étaient une fratrie guerrière chargée de défendre les côtes irlandaises de tout envahisseur... Hommes et femmes pouvaient postuler pour faire partie de cette confrérie guerrière sous réserve de démontrer des qualités et des compétences physiques, pratiques et tactiques pouvant faire face à toute épreuve... L'entraînement était des plus dur et des plus rude et exigeait une forte résistance et endurance face aux exploits demandés...

Mais l'on ne pouvait être admis dans cette noble et digne compagnie que pour autant que l'on sache, par ailleurs, maîtriser l'art de la poésie !...

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Ce « bardi » a été inspiré par l'article de Yann Guehennec paru dans Keltia Magazine N°34 intitulé « Les Dieux des Celtes »...
De cet auteur je recommande les ouvrages qui suivent :

Les Eléments du barde / Aux Sources de la Tradition celtique / Les Ecritures celtiques / Les Celtes et la Parole sacrée....       (Edition LABEL UN)



20/05/2015
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