Les dits du corbeau noir

ETRE CELTE Paroles de Bardes Bran du Ajouts : Dec 2013

 

Les Celtes : du caractère et des valeurs.... Bran du

 

La version “médiatique” des gaulois leur a longuement attribué les traits assez caricaturaux suivants :

Braillards, indisciplinés, querelleurs, teigneux, susceptibles, obstinés, bagarreur, râleurs, bâffreurs et ripailleurs, à l'image d'ailleurs des dessins d'Astérix et Obélix...

Les chercheurs et archéologues ont, ces dix dernières années surtout, fait évolué cette imagerie d'Epinal et la figure des dits gaulois a légitimement retrouvée des traits bien plus civilisateurs et cultivés... La vision que l'on avait de ce monde change et se modifie considérablement grâce à tous les travaux menés pour approfondir et élargir sa connaissance... Et on ne peut que s'en féliciter et remercier ceux et celles qui ont permis une véritable et plus juste recouvrance de la civilisation celtique...

 

Si l'on veut bien se référer aux textes, documents, recherches, travaux et témoignages dont nous disposons maintenant, il apparaît une perception plus proche, plus affinée sans doute de la réalité et ce bien qu'il reste encore beaucoup à découvrir surtout dans le domaine de l'origine de ces peuples, de leurs doctrines et de leur spiritualité...

 

A la lumière des informations collectées et rassemblées les Celtes étaient perçus dans l'Antiquité :

Comme des êtres particulièrement “religieux” et 'adonnés aux rites...

Des êtres pour qui la Poésie constituait avec l'art de l'éloquence ; la réjouissance et le plaisir majeur du coeur et de l'intelligence...

Un attachement à la Parole, aux serments, aux engagements qui dépassait le contrat terrestre et humain pour résonner dans tout l'univers...

Des êtres dont l'un des préceptes de base s'exprimait dans cette triade :

- Ne rien faire qui nuise à soi, aux autres, à toute la communauté humaine d'appartenance, à toute la création, a tout le sacré qu'il soit visible ou non...

- Honorer les forces de la Nature et en respecter les Lois (primauté et préséance de ces lois dictées par l'Esprit, émanant de Lui, inspirées par Lui)

- Faire preuve d'audace et de grand courage...

La nostalgie est considérée comme une “maladie” et l'oubli comme un fléau...

La peur, la lâcheté, le mensonge, le dogmatisme, la rupture des serments sont considérés comme tel...

Le Celte s'efforce lui-même pour le meilleur de lui-même et des “Lois” claniques qui le régissent...

Il a un penchant prononcé pour la curiosité, la différence, la diversité ; pour le merveilleux, pour l'enchantement... Il aime découvrir et adapter ses découvertes, celles des autres et les siennes propres, à sa sensibilité, à ses “représentations” et “perceptions” symboliques, à son génie singulier et pluriel...

On ne saurait priver le Celte de sa harpe autant que de son épée...

Le sacré est omniprésent dans la pensée celtique, dans les lieux où il vit, dans son habitat même... Il anime toute chose et tout être... Cette notion respectant et considérant le sacré en toute pensée et en tout acte constitue une sorte de prototype écologique dans les rapports de l'homme avec la nature, avec le “vivant”...

 

Il y a une volonté affirmée de “dépassement de soi”, de braver et de défier l'inconnu, d'aller au-delà des peurs, des craintes... Le Celte fait face à la mort dont la présence l' accompagne sans qu'elle soit sujet ou objet de frayeur... La vieillesse, son approche pèse plus que la mort elle-même...

 

L'Art est l'expression par excellence avec celle également de la Parole... Le Verbe poétique conjugue l'existence des Celtes...

A travers les valeurs qui constituent l'architecture de la société celtique, à travers sa spiritualité posée en assise et fondement, la haute philosophie qui étaye et articule l'ensemble, on peut mesurer la profondeur et l'élévation de cette civilisation enfin reconnue comme telle...

 

Ces contenus, ces concepts, ces “valeurs” sont disponibles aujourd'hui, ici et maintenant, pour participer, à leur juste et humble place, au changement de paradigme de notre société en lui permettant de retrouver de nouvelles dynamiques et synergies redonnant une préséance tant au spirituel, qu'au sacré, sur toutes formes de matière qui s'y oppose...

 

C'est à une forme de “Renaissance” que nous sommes invités et conviés...

Ce qui est “proposé, ce qui tend à être “revisité” et approfondi, suscite un nouvel art de vivre, d'aimer, de connaître, d'explorer, de découvrir, d'imaginer et de créer...

en toute liberté et en pleine conscience de nos actes et pensées...

 

C'est une source jamais tarie qui aspire à ce que l'on se rende à son perron pour y puiser, en toute liberté et responsabilité, les Forces, Energies et Lumières émanées d'un Chaudron divin de bienveillances et de bienfaisances... Des flux et des ondes pour soigner, revigorer, revitaliser, nourrir, toutes les valeurs assemblées en l'être participant symbiotiquement à une réelle et lucide incarnation de ce qui constitue l'ETRE véritablement, authentiquement, réalisé et épanouit...

 

La forte composante “imaginaire” incite chacun et chacune à devenir des pionniers, des défricheurs, de l'espérance et de l'utopie ; des aventuriers du possible ,des questeurs et des navigateurs sur les chemins et sur les océans existentiels...

 

C'est introduire en ce monde une dimension lyrique et onirique qui porte le Verbe autant dans les hauteurs que dans les profondeurs des futurs entendements, des prometteuses compréhensions...

 

C'est le désir inspiré de susciter le désir , l'inventivité, la novation ; de développer l'intuition et la perception sensible en vue de régénérer en l'homme moderne des facultés participatives du vivant et de ses lois...

 

Le désir encore de redonner, de restituer, de permettre une réappropriation, en ce qui concerne le goût du merveilleux et de l'enchantement là où sévissait l'artifice, l'illusion, la médiocrité, la déception, l'aveuglement et le désabusement...

 

C'est gérér, adapter et actualiser au mieux, et lucidement, une “Sagesse” qui fait tragiquement défaut à ce début de millénaire...

 

Voilà en quoi toutes ces valeurs anciennes sont de nature, par leurs liens de confiance et de conscience, à nous restituer la nôtre, à faire rejaillir les émulations, stimulations et motivations indispensables pour co-participer aux transformations salutaires et vitales, aux métamorphoses heureuses attendus autant par le Coeur que par l'Esprit de tout l'Univers...

 

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Etre Celte aujourd'hui Bran du Imbolc 1999

 

C'est, sans doute, trouver sa juste place entre l'être et l'avoir et quand je dis “l'avoir” cela évoque pour moi ; Celte d'aujourd'hui, la capacité à “nettoyer” cet être que je m'efforce d'être dans l'eau courante de la vie, à l'offrir au rude battoir de l'amour et aux torsades du devenir et de l'espéré...

 

C'est se sentir là où il faut et comme il faut entre ce qui demeure et ce qui est en perpétuel mouvement, entre un passé chargé d'humus, un présent chargé de glands et un avenir gluant de sèves printanières.

Pour cela il me faut dynamiser mon arbre de sang et de songe dans un frémissement d'aise, dans un tressaillement poétique, dans l'ovation d'un instant couronné d'importance...

 

Garder en cela un coeur et une pensée nomade et une fidélité sédentaire...

 

C'est analogiquement et symboliquement allier la souveraineté prodigue à la spiritualité flamboyante, Arthur et Merlin, afin de reconstituer la Ronde table et tout ce qu'elle détient d'équilibre et d'harmonie...

 

Le Celte qui cohabite en moi manifeste sa “celtitude” à travers une créativité incessante, une imagination débordante, une inspiration généreuse, une sensualité océanique et forestière, un rire franc et contagieux ainsi que par toutes les vibrations harmonisées des musiques de l'âme, du corps et de l'esprit...

Tout cela qui procure à l'homme ou à la femme une bonne fièvre, une juste et pleine exaltation parmi les forces vives et jaillissantes...

Le Celte à pour “attribut” la courbe, la mouvance, la spirale, la flexibilité, l'ondulation serpentaire, l'arrondi, l'orbe, la volute, le cercle ; tout ce qui préface, inaugure, annonce, préfigure, l'étreinte, l'enlacement, la capacité d'epouser, d'enceindre, l'inconnu du Monde ; de le pénétrer et d'en être pénétrer à son tour en retour d'amour......

 

Cet “Esprit” ; c'est l'expression d'une “identité” singulière et plurielle qui se veut libertaire et originale sans renier, pour autant, les assemblées du divers et du différencié...

 

Le Celte prend élan et envol au sein de ses communautés d'appartenance pratiquant l'accueil et l'ouverture en redistribuant à tout le Cercle de la fraternité et de la convivialité tout ce qu'il a reçu de dons en provenance de “l'Awen” (Le Souffle inspirant)

 

La sérénité source d'apaisement, de médiation, de régulation des tensions est une pratique soutenue et sous-tendue par la méditation, la calme réflexion dont les meilleurs effets se prodiguent dans la solitude ; une méditation “tournoyante” comme un astre autour d'un autre, comme la danse silencieuse des atomes...

 

Le Celte qui réfléchit a assise au bord des mondes et des seuils, à l'entre-croisement des flux, des influx et reflux, à la charnière de tous les échanges, de toutes les fusions... Il déroule le fuseau des questions jusqu'au fil affiné qui le conduit vers la réponse de Haute-Lice...

 

Il sait que ses Dieux et Déesses lancent leur navette diurne et nocturne dans les trames du devenir, à travers les écheveaux de la vie et de la mort...

Il demeure en cela l'artisan et le tisserand de son linceul de lumière !...

 

Parler du “caractère celtique”, c'est évoquer tout à la fois, la souche, la ramure, le tronc et la racine, la source et son estuaire, la Tradition et ses héritiers, la langue et son Verbe... C'est faire immanquablement référence au Chaudron matriciel de la Connaissance et de la Renaissance, au divin breuvage de bienfaisance et de bienveillance, à l'élixir même de la Vie... C'est incorporer la dimension ternaire

d'une dynamique alliant les contraires, réduisant les conflits antagonistes, faisant la meilleur part à la recherche de l'équilibre, de la concorde, de la mesure, de l'harmonie...

 

Ce qu'il porte sur lui, ce qui émane et rayonne de lui, le Celte le porte en lui ; la visibilité extérieure est le reflet d'une vision intérieure ; une claire ambassade d'entendements majeurs...

Ce que le corps signifie en ses actes et mouvements, l'âme la revêtu au préalable...

 

Sa fierté n'est pas de l'orgueil mais la joie d'avoir été fidèle à ses lois et de contempler l'ouvrage qui en résulte...

 

Il s'autorise une Parole d'affinité vibratoire sertie d'une discipline exigeante qui accompagne sa respiration et sa diffusion... Il met ainsi au monde le fruit pulpueux de ses saisons de brumes et de flammes...

 

Il sait de quel vertige, de quelle audace, naît le nom qu'il se donne...

 

Il peut dire, des cendres accumulées, celles qui relèvent de ses brasiers de jouvence, de ses joutes amoureuses, de ses élans brisés, de ses renoncements douloureux car il garde au fond des yeux la braise d'importance...

 

Il lit, dans le vol des oies qui retournent vers le Nord, le Livre à venir et les futurs poèmes des veillées saisonnières...

 

Des mots, il fait des flèches, des javelots, tout cela qui transperce ce qui s'interpose aux raisons et aux folies du coeur... De sa harpe naissent des rus et des ruisseaux dont l'océan à soif... Il vendange la lune offrant son lait au banquet des aurores...

 

Il est de ces orages, de cette foudre, de ces éclairs, de ces pluies, de ces bruines, qui lavent et relavent le linceul des mémoires jusqu'à la blancheur suprême...

 

Il est et parce qu'il est, être est son dit !.... paroles de Bardes !



05/12/2013
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