Les dits du corbeau noir

REFLEXION : DU LIEU ET DU PAYSAGE (07/07/2015)

Pour favoriser le rapport "bénéfique" au lieu de vos vacances ...

 

Du «Paysage» Bran du 07 07 2015 Réflexions

 

«Votre âme est un paysage choisi.» Verlaine

 

Le mot évoque une «étendue de pays» ; un «territoire» encore appelé «pagus». C'est aussi la partie d'un pays que la nature présente à un observateur....

 

Si vous souhaitez qu'un paysage vous inspire, qu'il offre à votre «âme» une palette de couleurs et de formes, de senteurs et de parfums et tout un éventail mouvant et émouvant d'ombres et de lumières, il vous faut «respirer» avec lui ; respirer l'air qu'il respire lui-même!....

Remplir vos poumons de ce qui remplit les siens....

Il s'agit de «caler», de «régler», son souffle sur le souffle qui se déploie en son sein et qui se répand en toute l'étendue du territoire observé et parcouru, en diffusant une substance subtile qui enveloppe et pénètre les corps, tous les corps, jusqu'à atteindre les royaumes et domaines de l'Esprit qui devant elle soulève ses herses et ponts levis....

 

Un paysage se «respire» et implique de convoquer pour cela tous les sens dont nous disposons afin qu'ils épousent, qu'ils se fiancent ou se marient à des rythmes, à des haleines, à des vapeurs, à des exhalaisons qui manifestent et expriment, de diverses manières et façons, l'anima visible et invisible, plus ou moins fluctuant, d'un lieu et de tout ce qui le constitue...

 

Un paysage diffuse de nombreuses «informations», plus ou moins codées et destinées à des «récepteurs» dotés de capacités de lecture et de traduction....Le corps humain bénéficie de ces facultés tant dans sa composition charnelle et sensitive que par ses qualités intellectuelles....

 

Il n'est pas de coupure ou de séparation, de cloisonnement, d'isolement, au sein de la Création dont l'objet essentiel est de communiquer, d'échanger, de co-participer au brassage des multiples données collectées par les ambassades d'une Loi d'Evolution qui les trie et les traite en ses «avancées» afin de se parfaire ou de se corriger...

 

Si nos yeux peuvent «glisser» sur le modelé d'un paysage, c'est surtout ce dernier qui sculpte souplement l'argile que nous sommes, car, immergés, absorbés, par ce qui le brasse nous redevenons cet humus (l'un des berceaux du vivant, le «terreau» de notre humanité) …

Nous sommes ainsi replacés dans un fondement, dans un «terroir», dans un «locus», qui nous fait «Etre à nouveau»

et ce, de façon essentielle, élémentaire, originelle et primordiale...

 

L'accompagnement le plus favorable pour ressentir cela, pour le humer par tous les pores de sa peau, pour l'inhaler comme un encens envoûtant et précieux, c'est l'état de solitude et le sentiment d'appartenance, de considération, de collaboration, d'entraide et de «cosmunion»...

C'est associer le solitaire au solidaire ou encore l'art de se taire, pieds nus dans le sol, en sentant monter en nos veines une sève commune à tous les arbres et à toutes les plantes de l'Univers...

 

Lorsque les territoires et trajectoires des songes et du sang se conjuguent avec tous les fluides et ondes qui circulent dans l'espace offert aux transfusions élémentaires, nous sommes plus qu'humains, nous abordons les rives du divin, les rivages du sacré ; nous sommes de ce paysage qui est substance diversifiée et différenciée, mais aussi esprit, épris d'unions et de convergences...

 

Un paysage conjugue en tous les temps un espace élémentaire, primordiale et fondamental, un fabuleux présent généreusement offert, ici et dès maintenant, à la complicité de nos sens et de notre intelligence...

 

Un pays constitue en lui-même et par lui-même une conjonction éblouissante et stupéfiante de «coordinations» ; un assemblage inouïe, des étonnants faisceaux et réseaux d'ordonnancements, toute une «architexture» où le singulier participe du pluriel et inversement...

 

Autant d'insolites oreilles qui participent d'un semblable entendement!...

 

Tout cela se veut obéir individuellement et communautairement à des lois d'équilibre et d'harmonie qui sont les bases, axes et lignes de force de l'Evolution...

 

Certes l'homme impacte le paysage et s'harmonise ou non à ses «configurations» bien antérieures d'ailleurs à ses interventions...

 

Si l'homme tient compte des éléments constitutifs d'un site (où il a prétention de s'installer, à demeure ou non), d'une position et situation qui ont su trouver leur juste place entre la terre et le ciel, et s'insère de cœur et d'intelligence dans «l'Esprit du Lieu», il en retirera les bienfaits que procure un état d'équilibre et d'harmonie...

A défaut il deviendra (par bêtise ou ignorance) un élément préjudiciable qui parasitera les champs d'énergie et d'échanges salutaires, ce qui ne sera pas sans conséquence néfaste pour l'ensemble des éléments soumis à cette «pollution» humaine...

 

Un paysage est une partition dont les vents connaissent la chorégraphie et les eaux, les airs et chansons!

 

Ce sont autant de «notes» vibratoires qui ont pleine conscience de la nécessité vitale d'un accord qui relève d'une conception symbiotique du «être et vivre ensemble»...

 

Si l'homme s'exonère de cette «conscience», il retourne à un état plus ou moins définitif de «matière» désertée par l'Anima et par l'Essence même de la Création...

 

Un paysage à cette capacité pour moi époustouflante de révéler, en ses surfaces diversifiées, autant de ses profondeurs que de ses élévations lesquelles donnent, par reliefs interposés, à comprendre, à discerner, à supputer, des lignes de force et des axes majeurs qui donnent à tout le «tissu» (minéral, végétal et animal) la solidité d'une trame de haute -lice....

En cela chaque fil de la chaîne à son importance et est appelé à s'entrecroiser dans une immense tresse comme une pour en renforcer la pérennité et la résistance...

 

A ces «émissions» de flux, fluides et ondes, (toute forme émet et reçoit, diffuse et retransmet), notre «âme poète» répond en connivence transfusant lors et alchimiquement ces vibrations en énergies, forces et lumières...

 

L'Etre qui laisse en lui se faire ces transformations, qui en a le désir, qui en exprime lucidement et amoureusement l'acceptation, se «poétise», devient donc lui même objet et sujet de «Création» et apte à servir l'Art en toutes ses véritables dimensions et expressions...

Et «l'Art de vivre» (Une sage et folle philosophie de l'existence), ne sera pas le moindre de toutes ses manifestations...

 

L'art étant «langage» le poète fera savamment et savoureusement usage de ceux que formulent analogiquement tous les éléments constitutif du paysage...

Ses mots seront de mousse et d'écume, d'écorce et de feuille, de rémiges et d'aurores; ils auront la senteur et les couleurs des saisons; ils voleront, ils nageront; ils serpenteront, ils ruisselleront, ils bourgeonneront...

Ils auront nature au cœur...

 

Tout paysage délivre un message d'herbe, de pierre ou d'eau

qui au contact de notre peau se fait transparent, limpide et claire,

nous rappelant, en un instant, en un éclair, la fontaine, la source et le puits d'où s'en vînt à jaillir toute vie...

 

Chaque lettre de chaque mot à vocation de s'inscrire dans le poème de l'Univers, d'ajouter sa courbe voluptueuse à l'entrelacs des mondes...

 

L'élément constitutif et «premier» du paysage, c'est la Nature, la Nature dans toutes ses œuvres, dans toute la panoplie et dans tout l'éventail merveilleux de ses arts...

 

Le paysage est un ouvrage permanent qui tend vers le prodigue, le prodige et le sublime...

 

Si nous n'avions pas en nous une part des plus discrète et subtile de cet héritage fait de minéraux, de végétaux et de beaux reste d'animalité, il nous serait impossible de «cosmunier» poétiquement au banquet, au festin, des entendements premiers...

 

Sans «esprit-souche», sans «esprit-source», sans enracinement dans les profondeurs d'un sol nourrit de nos os et de nos cendres, de nos songes et de notre sang, nous ne saurions être invités à ces noces de l'Âme qui fait alliance d'intelligence et de sensibilité en passant, à ses multiples doigts, les anneaux d'or et d'argent, de soleil et de lune, d'aubes et de crépuscules, de l'universalité faite Homme ou bien Femme...

 

Le «paysage» est un lieu élu pour que s'y exerce une «sagesse» soit une pensée ruisselante et fécondante abreuvée aux sources mêmes de l'équilibre et de l'harmonie...

 

En ce lieu on peut espérer et «croire» et témoigner d'un vécu dont s'honorent... les gens du «cru»!

 

Additif : une sympathique incursion dans la pensée chinoise...

 

«Quant aux montagnes et aux eaux, tout en ayant substance, elles tendent vers l'esprit.» Zong Bing 375-443

 

(Ceci a été aussi traduit de cette façon: «Prenons le cas des paysages: bien qu'ils soient constitués d'une substance physique, leur portée est spirituelle

 

Ce que reformule Augustin Berque lequel enseigne la «mésologie» ou la relation des êtres vivants (et plus particulièrement des êtres humains) avec leur milieu...

«Un paysage possède à la fois une dimension matérielle et une dimension immatérielle.»

 

Shanshui (en chinois) signifie les monts et les eaux, mais aussi ce qui lave des «poussières» du monde...

 

«Le sage se délecte de l'eau, le bienveillant de la montagne.» (Entretiens de Confucius 551/479)

Montagne et eau sont donc des métaphores pour exprimer la bienveillance et la sagesse...

 

«Il y a des génies du ciel, comme il y a des génies et des esprits des monts et des eaux...» (Mozi)

 

«Le sage trouve son plaisir à regarder l'eau. Le sage aime à appréhender les choses de la vie telle l'eau qui s'écoule sans être retenue.»

 

Augustin Berque, dans son étude, associe étroitement paysage et sentiment... Il fait état d'une «poïetique» de la réalité qui est une ouverture de monde pour le déploiement de l'être... (Analogue à un jaillissement primal.)(L'annonce de ce qui va exister...)

 

Il cite Heidegger :

«C'est le temple qui, par son instance, donne aux choses leur visage et aux hommes, la vue sur eux-mêmes...»

 

«L'Essence de l'Art, c'est le Poème, c'est l'instauration de la Vérité

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Notes Bran du:

Nous sommes ici dans le champ des intimes et profondes correspondances établies entre matière et substance, âme et esprit...

L'art apparaît comme le vecteur principal, l'agent véritable de la relation par lui instaurée ou restaurée et cet «Art» est authentiquement «poétique.»...

 

Le lien, la «reliance», s'établissent à partir de la Terre (Geo), prennent appui sur un sol (une aire solide car solidaire!) et s'orientent vers une destination consciemment désirée (Un «Tout ») ce, grâce à l'entremise de l'art (poétique) véritable et efficace ambassadeur des volontés amoureusement et sagement engagées dans la rencontre et l'échange....

 

C'est là également toute la démarche «géopoétique» de Kenneth White prolongeant les démarches de Victor Segalen, de Rimbaud, d'André Breton, de D H Thoreau.... et des sages et poètes de tous les continents...

 

Notre «rapport» harmonieux, «inspirant et respirant», avec un lieu, un «paysage», se doit donc de mettre en relation intime et profonde la Terre et la Poésie...

Si nous pouvons concevoir en tant «qu'observateur» investissant respectueusement un lieu que la nature de notre pensée est en capacité de résonner sereinement et jubilatoirement avec l'Esprit du dit lieu, alors ce dernier fera de même...

Les noces d'entendement, lors concélébrées, seront réellement «géopoétiques» et s'inscriront en équilibre et harmonie avec la multitude des autres alliances, de même ou d'une autre nature, universellement scellées en ce même instant...

 

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Marie Madeleine Davy nous rappelait en ses ouvrages la très grande importance que revêt un «haut lieu» et les meilleures façons de s'y connecter avec l'Essentiel qui est «Essence du Ciel»...
Tout ce qui précède va en ce sens et ce sens se conjoint... à l'Essence!

 

Bel été à tous et à toutes et excellent séjour en votre lieu d'élection...et peut-être de «noces» élémentaires...



08/07/2015
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