Les dits du corbeau noir

DE QUELQUES CITATIONS CELTIQUES (7) (BRAN DU-17/09/2012)

De quelques initiations : Bran du   17 09 2012

Les « imrama » ou navigation… Un modèle initiatique par excellence…

Celle de Bran  (Echtrae Brain maic Febaill ou Imram Brain)   extrait et présentation…

« …L’île est un lieu de science et de pensée au milieu du tumulte et de l’ignorance du monde… » J P PERSIGOULT

L’aventure de Bran commence par le chant d’une messagère de l’Autre Monde, du « Pays sous la vague », qui éveille son désir en lui ventant les merveilles du Verger aux pommiers fleuris…. Elle dépose près de lui la branche d’argent aux fleurs blanches puis disparaît…

Bran embarque pour le « non-monde » en direction de l’Ouest, accompagné de 27 compagnons… (Dans le traditionnel celtique Nord et Ouest sont « confondus »… Ramer vers l’Ouest « Roenvat war gornog » c’est aller vers le « Pays des Morts »… )

Manannan mac Lir, le Père de l’Océan, (Il est l’Océan d’où vient toute vie), est « Roi du Sid » et Maître du temps, se présente à l’équipage et lui chante 30 quatrains qui sont des conseils de navigations en quelque sorte….  Il est aussi « le soleil qui parcourt les mers »…
Manannan comme le Dagda (comme Cernnunos) est propriétaire d’un chaudron d’immortalité et d’abondance…

Fort de ces invitations et conseils Bran poursuit son équipée et découvre diverses îles comportant des épreuves à surmonter. Il finit par trouver l’île des femmes et de la félicité mais la nostalgie les gagnant tous ils décident de rentrer en Irlande mais, le temps des dieux et du Sid n’étant pas celui des hommes plus d’un siècle s’est écoulé depuis leur départ et quand ils reviennent le premier homme qui pose le pied sur le rivage est réduit en poussière… Bran conte lors son épopée et repars en mer… Nul ne sait ce qu’il est advenu de Bran et de ses compagnons….

Commentaires : Bran du

Le nombre 27 indiqué semble avoir son importance comme tous les nombres dont les récits font scrupuleusement état. Il correspond par un hasard heureux au cercle de l’épreuve et de la nécessité  dans la croix druidique et c’est le Chemin d’Abred…

Aller vers la Terre des Femmes constitue un saut, un franchissement spatio/temporel… Une fois l’autre rive atteinte après les périls de la navigation il n’est plus possible de revenir au temps humain….
Une fois le Monde Blanc atteint le « visiteur » devient en quelque sorte lui-même fragment de ce Monde Blanc qui est le monde des dieux et des déesses dont l’expression et la manifestation se concentrent sous forme d’énergies, de vibrations, d’ondes, de flux, de lumière….

On peut parfois revenir de ces îles ( Il existe peut-être un passage, une faille dans le temps et l’espace de la Samain à cet effet ?)

C’est l’aventure de Maelduin…

Celui-ci part pour venger le meurtre de son père et sur les conseils des druides embarque avec 17 compagnons afin de former deux neuvaines soit un équipage de 18 hommes (deux fois neuf) ( en numérologie la somme donne le chiffre neuf ce qui est la même chose pour l’équipage de Bran !)
Ce sont bien, en effet, des embarquements pour un monde neuf !

Toutefois lorsque la barque prend la mer trois frères de Maelduin sautent dans celle-ci sans le consentement des druides… (Non préparés à « l’initiation », ils mourront tous les trois au cours de ce périple….)
Mais la vengeance objet de cette course sur la crinière des vagues vas se diluer à travers les épreuves successives et sera oubliée, Maelduin faisant lors la « part du don »…

Les îles étranges se succèderont jusqu’à la trentième (30) qui est l’île des femmes dont la reine est amoureuse de Maelduin… Il y restent trois mois d’hiver puis ayant la nostalgie eux aussi du « Pays » s’embarquent mais la reine lance dans la paume de Maelduin une pelote de fil que celui-ci saisit.

Il reviennent au rivage et restent neuf mois de plus avant de repartir définitivement guidé par un faucon… Cela les fait en gros revenir à la Samain qui a du aussi être la date de leur départ…

Ils ont fait le cycle complet de la roue de l’année et plus spécifiquement les neuf mois de gestation nécessaire à toute naissance… Ils sont eux aussi régit par le nombre Neuf et par les ambassades du Trois…

Une christianisation tardive semblent avoir quelque peu modifié la fin car il semble peu convenable de s’installer pour l’immortalité dans les délices de la volupté et de la félicité en compagnie de Dames expertes en cela !…

Une autre « vague » de christianisation relatera une épopée plus « conforme » en s’inspirant de celle de Bran ce sera la Navigation du brave moine Brendan… dont l’aspiration majeure sera très chrétienne…

(Sur l’une des îles visitées les marins se trouvent en face d’un gué où se tiennent sur chaque rive, d’un côté des moutons noirs et de l’autre des moutons blancs…  Un homme se tient au milieu du gué et lorsqu’il prend un mouton blanc pour le jeter sur l’autre rive celui-ci devient noir… et inversement… cet « épisode » indique qu’ils sont devant la limite, la frontière, entre les deux mondes…)

Ces navigations ce font sur l’eau, soit le « passage initiatique » par excellence et celle-ci est le domaine de Mannanan : le Maître du temps et aussi du chaudron d’immortalité…. C’est un rappel sur le caractère initiatique du récit qui navigue entre mort et vie, mort et renaissance, mort et immortalité…

Ce n’est pas non plus par pur hasard que ces îles sont des hauts lieux initiatiques….et des sanctuaires ( ou centres spirituels) souvent desservis par des femmes consacrées dont le nombre est en concordance avec les récits précités… (Dans une île de la Loire, dans l’Ile de sein, Anglesey…)
Neuf sont aussi les Demoiselles « druidesses » des Preiddeu Annwn (Maître des abîmes, des sombres marais) dont le souffle féminin, virginale et juvénile embrase le chaudron de Kerridwen (Mabinogi) (Un chaudron qui se brise devant trois mensonges mais qui bouillonne fort devant trois paroles de vérité !)… Quand Branwenn meurt son chaudron explose…

Claude Sterckx nous rappelle que « … Les celtes considèrent en toute logique métaphysique que l’être est issu et procède du non-être »… Et que « …Les celtes se faisaient une idée profondément intériorisée et positive de la mort. » «…Le perfectionnement des connaissances revêt une allure initiatique »… « …Tous les centres initiatiques insulaires sont d’un accès difficile. »
                                                    La quête initiatique illustre parfaitement cela…

Les druides vont périodiquement (tous les trente ans au moins) dans la grande île (bien réelle) pour recevoir entre initiés des initiations supérieures…

Il est rappelé que « l’initiation sacerdotale n’est pas accordée au premier venu ! »…



D'autres modèles initiatiques :

 

Le Nord de l’Ecosse, la partie septentrionale est réputée dans le monde celtique comme étant le lieu privilégié des initiations guerrières, sexuelles et artisanales sans doute…

Cuchulainn s’y rendra pour parfaire ses dons et son art…
Il rencontrera des « sourcières », des femmes gardiennes de la « Source » dont Scatash la plus « douée » d’entre elle et sa fille également druidesse…

La forteresse de celles-ci est protégée par le « pont du saut » lequel se rétréci comme un cheveu au passage de l’initié ou grandit comme un mât sous ses pieds. Cuchulainn par un saut dont il a le secret sort vainqueur de l’épreuve (parmi bien d’autres épreuves)…

Il demande pour récompense de connaître trois « tours » (de magie) connus d’elle seule, sa fille et l’amitié de la cuisse de Scatash… Il obtient tout cela. Il passe un an en charmante compagnie puis repart vers d’autres épreuves, trouve une nouvelle amante qui lui enseigne aussi trois autres secrets et dont il aura un enfant… Il demeure aussi une année chez elle…
Il rencontrera encore bien d’autres « enchantements » et se trouvera en compagnie de nombre d’initiés….

Cuchulainn semble lui aussi inscrit dans la roue de l’année et le cycle des gestations… Il y a de fortes chances que son aventure se déroule aussi d’une Samain à l’autre. Ce sera le cas précisément indiqué dans une autre aventure…

De Setanta son ancien nom ayant le sens de « sentier », il passera au nom de Cuchulainn ; le chien de Culann le forgeron dont il a tué le chien gardien de la forge…. Son cheminement l’amène à devenir ici le gardien des « transformations » et il sera en cela sa propre enclume et son propre marteau oeuvrant entre le feu et l’eau…


Pour terminer ce tour non exhaustif d’un certain nombre d’initiations celtiques, je ferais état de Llew fils d’Arianrodh qui lui jette sorts et interdits… Il n’aura pas de femme humaine,  pas d’arme, pas de nom (et sera ainsi privé de toute initiation et ne pourra être un « homme accompli !)…  Gwion, le magicien fait, de fleurs assemblées, une femme que Llew va pouvoir épouser ; par ruse le druide obtiendra de la déesse qu’elle donne armes et nom à son fils…
Mais la femme-fleurs fera tué llew par son amant. Le magicien ressuscitera Llew et transformera la « mauvaise femme » en chouette….condamnée à ne vivre que la nuit…
Un nom, une arme, une épouse ce sont là une trilogie initiatique pour le masculin…

Je laisse aux Dames le soin d’exposer le parcours initiatique féminin mais celui-ci ne peut être qu’une forme de perfectionnement car la Femme semble bien être « initiée de naissance » en tant que femme et Servante de la Déesse…

 

 

Sources : Claude Stercwx / CH J Guyonvarc'h/ JP Persigoult / JM Ricolfis.



18/09/2012
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