Les dits du corbeau noir

BARDI AU TEMPS D'IMBOLC BRAN DU 2016 10 02 / FEVRIER

 

 

Bardi au temps d'Imbolc....    Bran du         10 02 2016

 

 

 

...La vague du rude flot

et celle du reflux,

Je les connaîtrai moi aussi...

 

Il me recouvrira le blanc flot de la vague...

Sans attente lors, seront mes jours et mes nuits,

Au sein de la Lumière,

Au cœur de l'Âme qui luit....

 

Plus de roue pour la cinquième saison...

Fontaine éternelle se fera le rouge saumon...

 

///...

 

J'ai monté à cru les chevaux de la mer...

Du baissant au montant, aux rivages des hommes ; sans cesse, je suis revenu...

 

Neuf sont les vagues du noble flot ;

Vagues de poésie et de réflexion...

Vagues de sagesse et de méditation...

Vagues de grande intelligence...

Vagues de grande science...

Vagues de recherche et de compréhension...

 

Neuf dont une, la plus élevée, la plus puissante...
Trois dieux l'ont formée, trois druides l'ont enroulée puis déroulée

Et cela, en souvenir de Dana ; de Dana et du Dieu Bon ...

 

///...

 

Trois chaînes et trois pieds

Pour porter et suspendre le Matriciel Chaudron...

Et neuf sages pour le garder et le veiller ;

Neuf sages autour de la vasque d'or ;

Neuf sages, comme neuf anneaux scellés sur son rebord...

Neuf sages porteurs de braise et d'écume ;

Neuf avec le doux miel sur la langue...
Neuf,

Avec la Parole qui tourne et retourne,

Avec le chant qui brasse la mer de lait,

Avec les mots qui incantent sur l'eau et le feu...

 

///...

 

Délice et félicité

Et musique dans la longue nuit inondée de clartés...

Délice et félicité, pour les deux mains qui tressent

la chevelure de l'Offrande...

Paix et volupté pour l'offrande tressée de trois brins,

d'or, de bronze et d'argent...

 

 

///...

 

Cent îles sur mon parcours...

Chacune différente, chacune avec son enseignement ;

Chacune donnant leçon...

Toutes porteuses de nobles instructions...

Cent ruisseaux, lents ou impétueux, dont j'ai suivi les cours !...

Cent rivières dans l'océan...

 

///...

 

Du Nord vient la Source, au Nord son jaillissement...

Au Nord aussi, la racine et la souche....

Au Nord encore, le Chêne prodigue en ses glands...

Au Nord Toujours, la Femme drapée de Blanc...

 

Jeune et moins jeune, j'ai connu le rouge de sa couche...

Pour Elle, j'ai suivi l'Oie des neiges, le Cygne étincelant...

Initié, je fus au triangle de ses cuisses ;

Initié, je fus, en Elle et par Elle, renaissant...

 

Ce sont, ces îles, îles d'origine...
Ce sont berceaux du Commencement...

Quatre elles sont, et une cinquième, mais cachée et sans nom...

(La cinquième, c'est Elle, le cœur dans la poitrine !)...

 

La Pierre et la Lance, l'Epée et le Chaudron...

Chaque puissant symbole en l'île et son écrin...

Chacun pour expliciter et transmettre la sage doctrine...

Sagesse et sapience, en chacune et pour chacun...

 

Quatre ils étaient, en leur royaume insulaire...

Quatre, debout sous le ciel, quatre, debout sur la terre...

Arbres de pensée et de chair, arbres intermédiaires

entre la sève et le sang, arbres croissants dans la Lumière...

 

Chacun en son verger, chacun sous le pommier,

Entourés d'apprentis, de marcassins...
Chacun dispensant la Parole de Vérité ;

Chacun, de la Connaissance, enceint....

 

///...

 

 

Bourdonnent les abeilles dans le lierre de décembre...

S'entrechoquent les bois dans le cercle de la lune...

Mais subsiste dans l'arbre, la sphère de promesse...

Les oies sont revenues se poser sur le miroir de l'hiver...

 

Le froid, je le ressens, qui fait trembler mes os...

L'âge me gagne, creuse mon front de ses rides...

Une barque m'attend au rivage du Ponant....

Une île m'est promise au-delà de l'espace et du temps...

 

La mort n'est qu'une porte qui s'ouvre  sur le Sid...

Je ne tremblerai pas au passage des eaux...

Je suivrai, dans mes rêves, le vol des oiseaux...

Je la verrai alors, l'île secrète, l'Île aux quatre druides...

 

...///...

 

Je dresse la pierre de souvenance.
Je fais encoches de mémoire...

La mort est transitoire...

Avec la vie, elle fait alliance !...

 

///...

 

Je suis, je fus et j'ai été

Ecaille de saumon, plume de faucon, hure de sanglier...

En moi, en mon aubier, se sont écoulées la sève du chêne et le sang du bouleau...

J'ai résine sous la peau, écorce sur mes pensées...

Arbre, je suis, je fus et j'ai été....

 

Qui peut dire

L'arbre avant le gland ;

La nuit avant le jour,

L'hiver avant le printemps,

Le chaos avant la vie,

Le flux sans le reflux,

Les lèvres avant le Chant ?

 

Qui peut dire

D'où vient l'eau qui sourd,

La lumière des mondes obscures,

Le souffle d'avant les vents,

Le monde qui au-delà perdure,

De qui nous sommes les Enfants

Qui sème graines en nos labours ?

 

Arbres et pierres savent cela

Qui sont racine et mémoire...

L'eau et le feu ont ce savoir...

Oui, les étoiles savent cela....

 

Fintan aussi et Tuan mac Cairill

Et les blancs gardiens de l'île...

Ils savent, de la vie, l'origine ;

L'oeuvre sacrée, l'oeuvre divine,

Cela qui tressa le premier fil...

 

Ils savent, de l'Univers, les Lois ;

L'oeuf d'or qui sur le vide flotta

Et la clameur des Trois cris ;

Le monde lors qui en jaillit,

Le Verbe sonore et sa Lumière, en tout cela...

 

Du ciel vînt le chant et la voix...

Le feu, du ciel, descendit

Et, aux eaux, se maria...

La vie devînt la Vie...

Lors, la roue des saisons s'ébranla...

 

Avant cela la mort n'était pas...

Un brouillard intense enveloppait le vide...

Un Nom se forgeait qu'on ne connaîtrait pas...

Tout n'était qu'onde, vibration et fluide...

Un embryon bougeait en la Matrice Divine...

 

Moi aussi, je sais Cela !...

 

///...

 

 

Le Loi d'ordonnancement

Agence les êtres et les choses,

Tisse de la vie les berceaux ;

Pense, conçoit et compose

En équilibre, en harmonie...

 

Toute la Création s'ingénie

A concélébrer la Vie ;

La vie éclose en ses métamorphoses ;

Le vrai, le juste et le beau...

Ainsi, le Verbe chante et se dit....

 

...///...

 

Le monde en notre paume se tient...

Il est en notre cœur, il est en notre sein...

Nous en sommes la graine, la semence,

Et le germe d'espérance...

De nous, il advient....

 

///...

 

Le fragment est l'ambassade du tout...

L'envers nous enseigne l'endroit...
De cela nous enseigne le houx ;

Le chêne et le pommier en savent plus que moi !...

 

///...

 

Le ciel a son troupeau de laine constellé...

Je connais des étoiles, l'attentionné berger...

De l'obscurité à jaillit la lumière...

En nous-mêmes lors, nous pouvons naviguer ;

Toute chose, en nous, s'illumine et s'éclaire !

 

///...

 

Ronde est la baie dans les haies de l'été...

La tige ploie, mûrs sont les blés...
Les hommes feront moisson de joies engrangées...

Honorée sera la Nourricière, par Lug louangée....

 

///...

 

Je sais le comment, je sais le pourquoi

De ce qui Fut, Est, et Sera...

Je sais le faste, je sais le néfaste,

Je sais ce qui donne le discernement...

Je sais, j'écoute, j’entends et je vois

Ce qui construit, ce qui dévaste...

L'homme, toujours, au mitan de cela

L'homme de discorde, l'homme d'entendement...

 

///...

 

J'ai monté le feu aux sept portes...

Je sais le printemps qu'un vent d'automne emporte...

J'ai fait cent fois tourner les bois...

La flamme aussi, au ciel, m'emporte...Je suis spirale en cela...

 

Je sais tisser la cape d'oubli

Et faire la haie, infranchissable...

Je sais, du monde, la magie ;

La baguette admirable...

 

Je sais le moyeu qui meut tout l'univers,

Les quatre piliers qui soutiennent l'azur...

Le passé qui prémédite le futur...

Je sais, dans la nuit, le Germe de lumière...

 

///...

 

Je pratique l'illumination du Chant...
Je lie et je délie et j'ai corde pour le vent...

Je dispense la pâture de l'instruction...

A l'oubli, je donne chair de saumon !...

 

Du file, j'ai acquis les sept grades...

De l'Awen, je suis l'humaine ambassade...

Ollam, je suis, et digne est mon nom...

Maîtrise j'ai, des cycles, des rythmes et des sons...

 

Je lie la gerbe des mots moissonnés ;

J'ai faucille d'or et poème maturé...

Là est mon œuvre et là ma noblesse

Mon service est de vie ; de vie et de sagesse...

 

Je sais, des ruisseaux, l'immense confluent...

Je sais l'oeuf du serpent marin ;

Sur le chemin, c'est lui mon compagnon ;

C'est lui qui soutient la sage qui va passant...

 

Jadis on m'octroya la Branche d'argent

Et j'eus vêture de belles couleurs...

Mais, humble, je demeure ;

L'Esprit seul est splendeur ; l'Esprit, seulement !...

 

Sans laideur est mon visage...

Mon front est rayonnant...

Point de mensonge en mon sang ;

Point de parjure et point d'outrage...

 

Je ne suis pas le jugement,

Mais je fais juste balance...

Je sais, des lois, la convenance...

Je l'enseigne aux ignorants...

 

Je donne à entendre ;

Je donne à comprendre...

Ce qui s'oppose, je le concilie...

Je porte la branche de paix au mitan des conflits...

 

Je sais la mortaise, je sais le tenon...

Je sais le fertile, je sais le fécond...

Je fais en tout bonne jointure...

Je sais, de quel tissu, est faite la nature...

 

Je sais du milieu, la demeure, la maison...

Je sais le roi qui dort en Avalon...

Je sais l'épée dessous les eaux dormantes...

Je sais la lance qui veille près du Chaudron...

 

La Vie ; c'est elle mon amante...

C'est ma Dame ; ma bien vive, mon ardente...
Je suis son servant, je suis son serviteur...

Mon âme est à son âme comme une âme-soeur...

 

Je suis barde de toutes les Irlandes...

Ma vie, mes mots, mes chants

Je vous en fait offrande...

Je fais autel de mes ans....

 

Le Dagda est mon maître

Et Mog Ruith me conduit...

Chaque jour je les suit ;

Chaque nouveau jour à naître...

.///...

 

...La vague du rude flot

et celle du reflux,

Je les connaîtrai moi aussi...

 

Il me recouvrira le blanc flot de la vague...

Sans attente lors, seront mes jours et mes nuits,

Au sein de la Lumière,

Au cœur de l'Âme qui luit....



11/02/2016
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