Les dits du corbeau noir

Bardes d'hier, d'aujourdhui et de demain... compilation

 

Bardes d'hier, d'aujourd'hui et de demain... compilation Bran du extraits

 

 

 

...Terre dure de dunes et de pluies, c'est ici que je loge.

 

Cherchez, vous ne me trouverez pas.

 

C'est ici, c'est ici que les lézards réinventent les menhirs.

 

C'est ici que je m'invente.

 

J'ai l'âge des légendes.

 

J'ai deux mille ans.

 

Vous ne pouvez pas me connaître.

 

Je demeure dans la voix des bardes.

 

 

 

Xavier Grall (Sône des Pluies et des Tombes)

 

 

 

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Gérard Caramaro Les Noces secrètes (extraits) ed Du Non Verbal

 

 

 

Un chemin vers une racine de lumière....

 

 

 

Le poète ne travaille-t-il pas à réinventer le Verbe... ?

 

 

 

Il y a des lieux qui aident à être soi-même...

 

 

 

Des pirates de rencontre, en définitive nous ne sommes que des flibustiers, des enfants de la maraude sur les chemins terraqués...

 

 

 

Marzin dit :Ce qui est couché sur le papier est mort, figé. Moi, j'aime la libre parole qui court comme l'eau de la rivière d'argent.

 

Celle qui émane de la source cachée en nous, et qui ne peut être captée ni retenue, celle qui parle aux gens de coeur, qui savent que leur raison n'est qu'un filtre...

 

 

 

Nous sommes l'humaine incarnation de la grande Déesse d'Amour, notre seule finalité est l'union, que dis-je ! La fusion...

 

Qu'importe la vague, large et arrogante, ou sa voisine, petite et mort-née...

 

Seul compte l'océan dont elles émanent et où elles retournent.

 

 

 

Courez, chers petits, vous mettre à l'abri du monde et tremblez, car vous êtes le monde.

 

Comment y échapper ? Vous formez un couple alchimique ; dans le cycle des transformations. Votre ère est infinie. Vous avez été les premiers amants de l'humanité, vous êtes la fleur de l'amour même, et vous serez encore oiseau par deux dans les ciels à venir et confluence des flux de la terre. Je vous aime...

 

 

 

Vous tous, arbres mes frères, donner à un coeur pur le succès de ses aspirations !...

 

Sous ma poitrine j'ai senti forcir et s'amplifier la vie...

 

Vouloir franchir le fleuve et gagner un autre monde, c'est aussi jeter un pont pour se faire et donc oeuvrer...

 

 

 

Cherchez l'un par l'autre à découvrir ce que nous sommes, cela ne souffre pas de semblance. Ce qui nous est favorable c'est l'épure...

 

Chacun de nous deux est féérie pour l'autre... Ne perdons pas notre âme. Rassemblons notre bonheur d'être deux...

 

 

 

Marzin ! Par ce moment, là où la forêt s'ouvre au ciel, tu as semé au fond de mon âme une graine de métamorphose....

 

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Makio “Grimon gant de cuir” B.D. Saga rurale en Franche Comté ed Glenat

 

 

 

Aventure singulière qui se joue entre ombre et lumière à la recherche du Pays de l'Arbre aux amours éternels...

 

 

 

Depuis toujours, moi je le sais, le temps c'est pas ce qu'on croit... Le temps, c'est la respiration... Et pour celui qui naît, ce ne sont pas les jours qui sont comptés, ce sont les respirations. C'est pour ça que le souffle faut l'économiser.

 

Tout respire... La nuit c'est l'inspiration du jour qui expire et l'hiver c'est l'inspiration de l'été...

 

 

 

Pas de doute, je le sais maintenant ! … Les forces de la terre remontent parfois du fond de leur royaume de chimère pour faire frissonner les blés et bouillir la pensée...

 

Puis, au passage, avant de s'en retourner ce sont elles aussi qui laissent, dans l'écorce des arbres, l'empreinte d'une image... Peut-être celle de leurs vrais visages ?...

 

 

 

Du corbeau blanc : celui-là, je le crois hors du temps... Le battement de ses ailes, c'est le souffle de mes aïeux, et son oeil rond leur souvenir qui nous veille...

 

Oui, sa présence est magie... Sans jamais ouvrir le bec il m'a tout appris...

 

Noir et blanc, mort et vie... Comment aux portes du mystère, les contraires se marient... Oui, petit, il m'a tout dit...

 

 

 

Enigme de pierre : Elle anime tout et met tout en lumière. Elle est le coeur des trésors dont la nature abonde. Elle est la pierre unique du Grand Oeuvre.

 

Mais cette pierre parfaite est aussi parfaite énigme.

 

En effet, bien que très subtilement dissimulée, elle se trouve en évidence partout. Elle s'offre d'elle-même à chaque instant, les enfants jouent avec elle et tous les hommes, jeunes et vieux, pauvres ou riches la manie inconsciemment tous les jours.

 

Enfin, même si elle est le bien le plus précieux de l'existence, elle est, par simple ignorance, incroyablement dédaignée, voire méprisée par ceux qui l'appellent cependant de tous leurs voeux.

 

Or voici la pointe du mystère :

 

Cette pierre sublime, miracle immobile qui n'est ni à l'extérieur ni à l'intérieur se trouve, en dernier lieu, plus proche de chaque homme que sa propre respiration.

 

C'est folie de la chercher, mais c'est folie plus grande encore de ne rien faire pour la rencontrer.”

 

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André LE RUYET Sklerijenn Coop Breizh édi extraits

 

 

 

L'auteur, en cette série des légendes d'aujourd'hui nous conte un drame, c'est-à-dire, ici, le meurtre d'une espérance... mais cette espérance s'en vient à resurgir dans un rugissement sidéral... Sidérant !

 

 

 

Et si notre fantastique légendaire breton n'était pas si loin de nous ?

 

Et si notre banal quotidien croisait sa route ?

 

Et s'il était ancré au plus profond de notre Histoire et de nos luttes ?

 

Et s'il était partie prenante dans Bretagne en devenir ?

 

Et si pour réveiller le roi qui dort nous n'avions pas encore crié assez fort ?

 

Et si à chaque aube ressurgissait Ys quelque part chez nous ? En nous ?...”

 

 

 

...Alan avait suivi l'enseignement des moines de Glendalosh, là-bas, en Irlande (un peu celui de Rome et beaucoup celui de l'univers !)

 

 

 

Je te sais Bretagne. En toi je poursuis mon voyage. Je viens m'adouber à ta cour. La poussière de ma route va enfanter tes chemins. Mes sueurs glanées feront ressurgir tes sources vives. J'ai labouré les vagues qui vont gonfler tes marées montantes. Mes aurores vécues loin de toi vont illuminer le lever de tes soleils. Mes sages rencontrés divisent avec tes saints...”

 

 

 

Alors : “ressentir cette discrète allégresse, de celle qu'on éprouve quand on quitte une tenue trop étroite pour passer un vêtement aimé.”

 

 

 

...les sages de Gendalosh disent qu'il est plus important, à certains moments, de laisser fuir la vie entre ses doigts que de la mener à la baguette.”

 

 

 

Alan dit : “Que vienne demain les jours de luminescence. Des paupières tomberont alors les écailles, s'émietteront les barrages dans les veines et craquera le carcan des coeurs engourdis...”

 

Ce n'est plus d'intersignes que les miens ont besoin, mais de flamboyances...”

 

O ruisseau, c'est à toi de faire renaître les enfouissements.” et comme toi : “Deomp d'er mor ! A bouez hor nerzh !” “Allons à lamer ! De toutes nos forces !”...

 

 

 

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William Butler YEATS MAGIE (1901) (Traduction J Genet) extraits

 

(Prix Nobel de Littérature)

 

 

 

On dit dans les îles d'Aran que si l'on parle trop de ce qui concerne les fées, la langue se pétrifie.”

 

 

 

Je crois en la pratique et à la philosophie de ce que nous nous accordons à appeler magie, à ce qu'il me faut appeler l'évocation des esprits, tout en ignorant ce qu'ils sont, au pouvoir de créer des illusions magiques, aux visions de la réalité au plus profond de l'esprit, quand les yeux sont clos ; et je crois en trois doctrines qui ont, je le pense, été transmises depuis les temps reculés, et ont été le fondement de presque toutes les pratiques magiques. Ces doctrines sont :

 

 

 

1 : Que les frontières de notre esprit changent constamment, et que de nombreux esprits peuvent pénétrer les uns dans les autres pour ainsi dire, et créer ou révéler un esprit unique, une énergie unique.

 

 

 

2 : Que les frontières de notre mémoire sont tout aussi changeantes, et que la mémoire de chacun d'entre nous fait partie d'une grande mémoire unique, celle de la Nature elle-même.

 

 

 

3 : Que ce Grand Esprit et cette Grande Mémoire peuvent être évoqués par des symboles...

 

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Notre âme jadis nue; exposée aux vents du ciel, porte maintenant d'épais vêtements, et a appris à construire une demeure, a allumer un feu dans son âtre, et à fermer complétement portes et fenêtres...

 

Là où l'ordre ancien de la vie est resté intact, des hommes pourraient encore user intentionnellement de la toute puissance des charmes et des sorts...

 

 

 

Il y a une “mémoire de la Nature qui révèle des événements et des symboles des siècles lointains”...” Tout ce qui a rassemblé les passions de l'homme devient symbole de la Grande Mémoire eet dans les mains de celui qui en a le secret... le symbole est un artisan du merveilleux...”

 

 

 

Il faut craindre la colère du peuple des Fées dont le pays est le coeur du monde. ; la “terre du coeur vivant”...

 

 

 

Quelque soit le risque, il nous faut camer que l'imagination cherche toujours à refaire le monde selon les impulsions et les schémas qui sont dans ce Grand Esprit et cette Grande Mémoire.”

 

 

 

Peut-il y avoir quelque chose d'aussi important que de clamer que le romanesque, la poésie, la beauté intellectuelle, comme nous les appelons, sont les seuls signes que l'Enchanteur suprême, ou quelqu'un appartenant à Ses conseils, parle de ce qui a été, et qui sera à nouveau, avant la fin des Temps ?”

 

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W B Yeats Le Vent parmi les Roseaux (Traduction Pierre de Mandriargues) extraits

 

 

 

XX Il pense à sa grandeur passée

 

Quand il faisait partie

 

Des constellations célestes.

 

 

 

J'ai bu de la bière du pays des jeunes

 

et je pleure parce que toutes choses

 

me sont connues maintenant :

 

J'ai été un noisetier, et l'on accrocha

 

l'étoile polaire et le grand chariot

 

parmi mes feuilles

 

en des temps plus anciens que la mémoire ,

 

Je fus un jonc que les chevaux foulaient avec leurs sabots ;

 

puis je devins un homme haïssant le vent,

 

sachant de toute chose, cela seul, que sa tête

 

n'aura permission de poser sur le sein

 

ni sa lèvre sur la chevelure

 

de la femme qu'il aime, jusqu'au jour de sa mort.

 

O bête de l'air, oiseau du ciel désert,

 

devrai-je endurer ta criaillerie d'amour ?

 

 

 

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VI Il commande à sa bien aimé d'être en paix

 

 

 

J'entends les chevaux obscurs, leurs longues crinières claquent,

 

leurs sabots font un lourd tumulte,

 

leurs yeux ont un éclat blanc,,

 

Le Nord au-dessus d'eux déploie la nuit qui s'accroche et se traîne,

 

l'Est rit en cachette avant que l'aube poigne,

 

l'Ouest en rosée pâle pleure, soupire et disparaît,

 

le Sud épand des roses d'écarlate feu :

 

O vanité du sommeil, de l'espoir, du songe, de l'infini désir.

 

Les chevaux du désastre plongent dans l'argile lourde ;

 

ferme a demi tes yeux, bien-aimée, que ton coeur batte sur mon coeur,

 

et que ta chevelure tombe sur ma poitrine, qu'elle noie la solitude d'amour en profond crépuscule de paix, qu'elle cache leurs crinières fluctueuses, leurs pieds tumultueux. WB YEATS

 

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XI A son coeur en lui défendant de craindre..

 

 

 

Paix, apaise-toi, coeur tremblant ;

 

Rappelle-toi le sage dit des anciens jours ;

 

Celui qui craint la flamme et la marée,

 

Que le vent des étoiles, que la flamme et le flot

 

Le couvrent et le cachent, car il n'a point de part

 

En la majestueuse multitude solitaire.

 

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Nos amis nous accompagnent quand nous descendons le long chemin où la beauté se dirige, où tous ceux que nous aimions se rassemblent”...

 

Retrouvons-nous sur la colline, dans le vallon, la forêt ou la prairie, sur la margelle de la source ou la rive du ruisseau bordé de joncs, où sur la rive de sable longeant la mer...”

 

(La Taille d'une Agathe)

 

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Après un long silence William Butler Yeats (extraits) Ed la Part Commune

traduction Guy Chain...

 

Jette un regard froid

Sur la vie, sur la mort,

Cavalier, et passe ton chemin !

 

... Tous les sons, toutes les couleurs ou toutes les formes – soit en raison de leurs énergies décrétée soit en raison d'une longue association – font naître des émotions indéfinissables quoique précises ou, comme j'aime à le penser, font descendre parmi nous des puissances désincarnées, dont les empreintes qu'elles laissent dans nos coeurs ont reçu de nous le nom d'émotions.

Et quand le son, la couleur et la forme entretiennent une relation musicale, une relation de beauté l'un avec l'autre, c'est comme s'ils ne faisaient qu'un son, qu'une seule couleur, qu'une seule forme et faisaient naître une émotion unique bien qu'elle soit composée de tout ce que chacun d'eux est porteur.

Il existe une relation identique entre toutes les parties d'une oeuvre d'art, qu'il s'agisse d'une épopée ou d'un chant, et plus elle est parfaite, plus les éléments qui ont convergé pour lui donner cette perfection sont nombreux et différents, et plus l'émotion, la force, le dieu qu'elle convoque parmi nous est puissante.

Parce que une émotion n'existe ou ne devient perceptible et active parmi nous qu'une fois qu'elle a trouvé son expression, par la couleur, le son, la forme où les trois à la fois, et parce qu'il n'y a pas deux modulations ou combinaisons de ces éléments qui fassent naître la même émotion, les poètes, les peintres, les musiciens et, dans un moindre degré parce que leurs effets sont passagers, le jour, la nuit, l'ombre et les nuages, ne cessent de faire et de défaire l'humanité.

En effet, c'est uniquement ces choses là, qui semblent inutiles ou très faibles, qui ont vraiment de la puissance... …/...

L'émotion … met en mouvement une énergie à l'intérieur d'autres énergies...

 

Dans leurs moments de contemplation, les hommes solitaires reçoivent l'élan créatif...

 

///... Si je regarde la lune elle-même et que je me souviens de tel ou tel de ses anciens noms ou significations, j'évolue au milieu d'un peuple divin et des choses qui nous ont dépouillé de notre mortalité, la tour d'ivoire, la reine des ondes, le cerf lumineux dans le bois enchanté …/.... et cela vous fait peut-être “ un ami de l'une de ces images merveilleuses.” et vous fait “rencontrer le Seigneur dans les airs”...

 

L'âme évolue au milieu des symboles et se déploie à travers des symboles quand la transe, la folie ou la méditation profonde lui a retiré tout influx, à l'exception du sien.

Tous les arts supplient de rêver...

 

La poésie nous touche en raison de son symbolisme...

 

Les lois de l'art, qui sont les lois cachées du monde, sont les seules à pouvoir enchaîner l'imagination …/... Nous recherchons ces rythmes ondoyants, méditatifs, organiques, qui sont l'incarnation de l'imagination, qui ne désire ni ne hait, parce qu'elle en a fini avec le temps, et qui aspire juste à contempler quelque réalité, quelque beauté...

 

Les mots ne sont pas aussi subtils, aussi complexes, aussi remplis de vie mystérieuse que le corps d'une fleur ou d'une femme...

 

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L'indien a sa bien-aimée extrait

 

/...

Nous amarrerons ici notre esquif solitaires

et erreront à jamais les mains entrelacées,

Murmurant doucement, lèvre contre lèvre,

le long de l'herbe, le long des sables,

qu'elles sont loin les terres inquiètes...

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Car je voudrais que nous soyons changé, toi et loi, en oiseaux blancs sur l'écume vagabonde !

 

Je suis hanté par d'innombrables îles et maints rivages de Dana

Où le Temps nous oublierait et le Chagrin nous épargnerait ; …/...

Si seulement nous étions des oiseaux blancs, mon aimée, emportés sur l'écume de la mer !

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Le chant d'Aengus l'errant extraits

 

J'allai au bois de coudriers,

Parce qu'un feu brûlait dans ma tête …/...

 

Marcher dans l'herbe haute et mouchetée,

et cueillir jusqu'à la fin des temps

Les pommes d'argent de la lune,

Les pommes d'or du soleil.

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Un poète à sa bien-aimée

 

/...

Dame blanche aux rêves innombrables,

Je t'apporte mes vers enflammés.

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La rose secrète …/... (Dans les vapeurs druidiques)

 

/... Et celui qui a chassé les dieux de leur havre

jusqu'à ce que rougeoient une centaine d'aubes,

A festoyé et pleuré les tumuli de ses morts...

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La sagesse l'âge venu …/...

 

/... Bien que nombreuses soient les feuilles, la racine est une...

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MOTS

 

/...

Et je me suis lassé du soleil

Jusqu'à ce que mes pensées s'éclaircissent à nouveau,

Me rappelant que ce que j'ai fait de mieux

l'a été pour que cela soit clair...

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L'Aube …/...

 

Je voudrais être – car le savoir n'est qu'un fêtu de paille – aussi ignorant et exubérant que l'aube...

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Tous les hommes sont des danseurs et leur pas obéit au vacarme barbare d'un gong.

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Parmi les Ecolières …/...

 

VIII Ô corps gagné par la musique, Ô lumière du regard,

Comment pouvons-nous distinguer le danseur de la danse ?

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Une femme jeune puis vieille …/...

 

Et si mon regard se pose sur un homme...

Je voudrais qu'il aime cette chose

D'avant la création du monde.

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L'homme de Tollund Seamus Heaney (Prix nobel) extrait

 

 

 

1 / Un jour j'irai à Aarhus

 

voir sa tête couleur de tourbe

 

les douces cosses de ses paupières

 

son bonnet pointu en peau.

 

 

 

Dans le pays plat tout près

 

où on l'a déterré,

 

son dernier gruau de céréales d'hiver

 

caillé dans le ventre.

 

 

 

Tout nu sauf le bonnet,

 

la corde et la ceinture,

 

/...

 

je resterai longtemps debout...

 

/...

 

Quand il épousa la déesse,

 

elle l'enserra dans son torque

 

et lui ouvrit son marais,

 

et ses sucs noirs le façonnèrent

 

en une relique de saint.

 

 

 

Trésor des dédales

 

creusés par les chercheurs de tourbe...

 

 

 

Son visage souillé

 

repose maintenant à Aarhus.

 

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Ossianiques : Edition Orphée la Différence (traduction du gaélique : André VERRIER) extraits

 

 

 

Poésie irlandaise dont les héros sont les “Fianna” ; une communauté de guerriers et de guerrières chargés de défendre les côtes d'Irlande des envahisseurs.

 

Finn ou Find ou Fionn est le “chef-héros” de cette communauté (son nom signifie “blanc” ou “blond” ou “bienheureux”)...

 

Oisin son compagnon à le sens de “cerf” ; il est l'autre héros des épopées des Fianna et par ailleurs le supposé auteur d'une part des poèmes du cycle...

 

(Le désir du fils de Cumall)

 

 

 

...L'appel d'Oscar partant à la chasse, la voix des chiens suivant la Fianna, être assis au milieu des poètes, voilà ce qu'il avait coutume de désirer”...

 

 

 

...Tant que vécurent Finn et les Fianna, plus chère leur était la montagne que l'église, harmonieux leur était le chant des merles, mais non le tintement de la cloche (des chrétiens)”... (La musique qui endormait Finn)

 

 

 

...sa tempe était plus rouge que la rose / sa bouche de la couleur des baies, sa peau blanche comme une fleur / et ses joues blanches comme la chaux. / De la couleur de l'or sa chevelure, / ses yeux comme des étoiles de glace : / O Patrice, si tu avais vu son visage, / tu aurais donné ton amour à la femme.”

 

 

 

Echange entre Ossian et Patrice ( l'évangélisateur de l'Irlande) :

 

Ossian : “Par le serment sur ton livre blanc, / par les actions et la passion de ta crosse, / plus brillant est pour moi l'amour de la femme / que le Roi des cieux...

 

O Patrice, accorde créance à ma parole, son visage et sa forme, si tu avais pu les regarder, / tu aurais abandonné ta crosse et ton livre blanc / par affection et amour de la femme.” (Le Lai de la Chasse)

 

 

 

... Le bois résonne de musique, / la mélodie apporte une paix parfaite, / la poussière est délogée de son coin / (comme) la brume du lac plein d'eau... Les hirondelles s'élèvent par bonds, / une vigoureuse musique entoure les collines, une riche et luxuriante récolte pousse... Agréable est la saison, / le dur vent d'hiver est parti, / la forêt est brillante, le flot est fertile, / la paix est grande, l'été est joyeux...

 

Furieuse ardeur, chevaux courant en rond, / une troupe est rangée en cercle, / la mare est noble et généreuse, / l'iris sauvage est comme l'or... L'homme faible craint le cri, / l'homme constant chante de tout son coeur, / l'alouette chante alentour ; /

 

premier mai, bel aspect !”... La fougère est très rouge, / sa forme est cachée ; /

 

elle devient habituelle / la voix de l'oie sauvage.” (Finn)

 

 

 

Le cerf à l'Est ne dort pas / et ne cesse de bramer, / Bien qu'il soit dans le bosquet des merles, / il n'a point besoin de dormir... La biche ne dort pas / et gémit pour son petit tacheté, / elle court parmi les buissons, / elle ne dort pas dans son repaire...

 

Le linot vif ne dort pas / au sommet des branches doucement inclinées, / tout y est bruyant, / même la grive ne dort pas./

 

...Cette nuit, le coq des bruyères ne dort pas/ dans les landes battues du vent sur la colline ; / doux est le son de son cri clair, / entre les ruisseaux il ne dort pas./

 

 

 

Dors un peu, un petit peu / car tu n'as rien à craindre, garçon à qui j'ai donné mon amour, / fils d'O Duibhne, Diarmaid.” (Chant de Grainne)

 

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Poète irlandais contemporain : Derek MAHON (extrait)

 

 

 

Le Rameau d'or

 

 

 

Ce qui restera, passé

 

le crépuscule des citées

 

et la floraison du feu,

 

ce seront les tendres

 

végétaux qui portaient

 

les germes de notre politique.

 

 

 

Quand nous aurons rendu

 

les contrées défrichées

 

à la forêt première,

 

les collines aux collines,

 

les vasières asséchées

 

à la mer vigilante,

 

 

 

il se fera silence, puis

 

le soupir de qui s'éveille

 

au sortir d'un long rêve.

 

De nouveau je me lèverai

 

pour labourer mon pays

 

aux premières lueurs,

 

 

 

me coucherai, midi venu,

 

dans un champ tiède,

 

la tête à l'ombre,

 

et puis après minuit

 

pêcherai les étoiles

 

dans les eaux noires,

 

 

 

et de nouveau j'adorerai

 

la lune et je ferais des dieux

 

d'argile, des dieux de pierre,

 

et je célébrerai

 

dans le gâchis du monde

 

leur mort et leur retour.

 

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18/12/2013
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